Castillo de Montearagon

CASTILLO DE MONTEARAGON
590m

11 octobre 2024

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

DESCRIPTION

Le château-abbaye de Montearagón, dont la forteresse primitive fut construite entre 1085 et 1089, est un monument touristique, géré par la Mairie de Quicena (CM). A l'intérieur, l'édifice est occupé par la maison des chanoines qui est un bâtiment de trois étages avec différentes pièces, un double cloître à deux étages, quelques vestiges du palais abbatial, probablement daté entre 1680 et 1708, des vestiges d'un groupe de chambres, une structure au nord-est qui semble être le début d'un donjon dont l'intérieur est recouvert de briques, un complexe église-crypte-tour du donjon, auprès duquel se trouve une ouverture dans le mur, qui était autrefois une porte d'entrée pour que les villageois puissent accéder directement à l'église. La crypte est couverte par une voûte surbaissée. Un arc en pierre à une seule travée situé au chevet de l'église est daté de l'époque romane. L'église est couverte d'une voûte segmentaire dans l'abside et d'une voûte en berceau à lunette dans la nef. Elle repose sur des chapiteaux corinthiens qui, au moyen de fragments de pilastres, se terminent par des consoles à motifs végétaux. Au pied de l'église, se trouve les vestiges de la structure qui soutenait le chœur. Juste en face de cette structure, une porte ouverte en hauteur dans le mur nord donne accès à une petite tour accolée au mur. Sur le côté sud de l'église se trouve la Tour de l'Hommage qui était la résidence du seigneur de la forteresse, le roi, et avec accès direct à l'église. Elle a un plan carré et conserve très peu de sa structure d'origine, peut-être quelques fenêtres à meurtrières et quelques ouvertures en arc semi-circulaire qui ont été ouvertes pour abriter les cloches, la tour étant devenue le clocher de l'abbaye. L'édifice possède également une tour albarrane, c'est-à-dire une tour qui s'élève à l'extérieur de l'enceinte fortifiée à laquelle elle est reliée par un arc. Il s’agit d’un emprunt aux techniques défensives musulmanes (VVE).


HISTOIRE

1000 à 1100
En 1085 (CM), Sanche-Ramirez, roi d'Aragon et Navarre, s'empare d'un piton aux portes orientales de Huesca et commence la construction d'un monastère-forteresse à laquelle il donne le nom symbolique de Montearagon (IPP 40). Ainsi, un premier castrum, ou enceinte fortifiée avec quelques dépendances, est probablement commencé, sous le nom de Montis Aragonis. Ce château est construit comme forteresse d'approche pour contrôler le territoire et conquérir la Wasqa musulmane, qui est l'actuelle Huesca. La construction est peut-être réalisée sur des structures musulmanes antérieures (CM).
NB : Selon la source IPP, c'est en 1087 que Sanche-Ramirez s'empare du piton et commence la construction du château.
-> voir les infos sur Sanche Ramirez.

En 1086, au printemps, le premier castrum est probablement achevé. Il abrite les meilleurs seigneurs du roi Sanche-Ramirez. Tout indique aujourd'hui que ce château est construit selon les schémas défensifs de l'époque, avec un accès différent de l'actuel, deux tours albarranes, dont l'une aurait aujourd'hui disparu, et une approche sous la pente contrôlée et en zigzag. En mai, Sanche-Ramírez décide de créer une église en l’honneur et au nom de Jésus Nazaréen pour compléter le castrum. Il ne s’agit pas d’une restauration, mais d’une nouvelle création. Ainsi, l’église de Jésus Nazaréen naît sans aucune dépendance du futur évêché de Huesca et sous la tutelle royale. Cette caractéristique sera d’une importance vitale à des dates ultérieures et est à la base des affrontements entre Montearagón et l’évêché de Huesca (CM).

En 1089, le 19 février, San Juan de la Peña reçoit un palais avec sa tour et un moulin avec ses terres dans le castrum appelé Monte Aragón. Le 1er juillet, le pape Urbain II prend l'église de Jésus Nazaréen du château de Montearagon sous sa protection (CM). En effet Sanche-Ramirez a confirmé sa vassalité envers Rome en s'engageant, pour lui et pour ses successeurs, à verser chaque année une somme de 500 mancusos d'or, et, en échange, le pape prend sous sa protection Montearagon où est construite une collégiale romane (IPP 40). La consécration a probablement lieu quelques mois plus tard. En août, Sanche-Ramírez donne à Galindo Dat à Monte Aragón des maisons dans le château et d’autres dans le village avec leur alleu (CM).

En 1090, en mars, Sanche-Ramirez donne à Don Sancio des maisons à Montearagón. Le 15 mai, Sancho Ramírez produit un document pour San Juan de la Peña indiquant la consécration de l'église de Jésus Nazaréen du château de Montearagon. Les chanoines s’installeront probablement plus tard, de même que la dîme de la ville (CM).

En 1096, le 19 novembre, Pierre I remporte une victoire décisive à Alcoraz, aux portes de la ville de Huesca dont la garnison capitule (IPP 41). Huesca est ainsi conquise. Par la suite, le château perd ses fonctions strictement militaires mais renforce ses rôles religieux et de repeuplement. Elle devient progressivement l'abbaye la plus puissante du royaume d'Aragon. Son église abbatiale est dédiée à Jésus Nazaréen et abrite une congrégation de chanoines réguliers sous la règle de Saint Augustin. Le château-abbaye deviendra la tête d'une centaine d'églises, de monastères et de propriétés en Haut-Aragon et en Navarre, ce qui le mènera à des conflits permanents avec le siège épiscopal de Huesca. De plus, il servira de panthéon royal, abritant les corps de Sanche Ramírez et d'Alphonse I le Batailleur. C'est pendant cette période que sont érigées la disposition et la structure défensive observées aujourd'hui, très probablement sous l'abbé Fernando, troisième fils d'Alphonse II (CM). Par la suite, les sarcophages de Sanche Ramirez et Alphonse I seront transférés au monastère de San Juan de la Pena (VVE).
-> voir les infos sur Pierre I.

En 1098, à cause des conflits avec l’évêché de Huesca sur la juridiction du Haut-Aragon qui sont constants, le roi Pierre Ier est obligé de superviser la Concordia de Calasanz. Ces disputes nécessitent même l'intercession de la papauté. Au cours de la même année, la dîme de la ville est mentionnée pour la première fois (CM).

1200 à 1300
À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, une période d'instabilité commence, au cours de laquelle les chanoines de l'abbaye sont sanctionnés pour mener des vies licencieuses et d'autres événements politiques nécessitent l'intervention de certains évêques de la couronne et du pape (CM).

Vers 1257, le château-abbaye de Montearagón possède une immense quantité de domaines. Il possède ainsi Santa Eulalia, Isarre, Castilsabás, Angués, San Julián, San Martín de la Valdonsella, Reatacal avec ses moulins Sabayés, Robres, Torres de Almuniente, Barbués, Collaradas, Ayera, Sieso, Labata, Curbe, Marcén, Bespén, Lizana, Tubo, Pompenillo, Piracés, Albero, Alborque, un domaine à Barbastro, Sariñena, les tributs de la vallée de Grado, un domaine à Fraga, une tour à Tamarite, une maison à Lérida, Fanlo, un honneur à Fatás, San Januario, une maison à Jaca, Ayerbe, un quart des dîmes de Bolea, Lupiñén, un domaine à Valence, Albalate de Sariñena, cent aureos de l'église d'Usúa à Pampelune, Milagro, Falcés et Peralta avec Ybero. Entre l'abbé et les chanoines, ils se partagent à parts égales un domaine à Tudela, Peñalén, Villafranca, Rada, Santa Clara, Pitiellas et Mélida (CM). Les chanoines ont également autorité sur Montearagón, Loporzano, Villanueva, Fornillos, Arbillas avec l’église de San Miguel, tous les moulins du Flumen, Molinos de la Almunia, l’église de Santa Cruz à Huesca, San Nicolás dans le Palais Royal, Pueyo Vicente, Loreto, Prebedo, Huerrios, Alerre, Arascués (dîme royale), Quicena, Florén, Barluenga, Sasa, Chibluco, Sagariello, Olivito, Siétamo, Salillas de Sesa, Arbaniés, un domaine à Sesa, Argavieso, Alcalá, Ariño, Almalek, Ballariés, Poleñino, Callén, Alcubierre, Loarre (château et église), Novaylla, Santa Agata, Garisa, Mondot, Gaberdola, Torre de García Dat, Toriellos, Torres Secas, Cuazos, Artasona, Gurrea (quart), Petrosis, une maison à Saragosse, une maison à Monzón, Luaza, dîmes d’Aones et Avariés et Sodeto. En Navarre, ils possèdent cinquante aureos de Funes, Morelfreito, à Lárraga cent aureos, la chapelle du château d’Estella, Marciella et Olite (CM).

1400 à 1500
En 1413, Jacques d'Urgell se révolte après que Ferdinand I ait été élu nouveau roi de la Couronne d'Aragon. La guerre atteint le château qui est le théâtre d'escarmouches dirigées par Antón de Luna, lieutenant du comte d'Urgell (CM). Au cours de l'année, des troupes mercenaires prennent le château de Montearagon au nom de Jacques II d'Urgell (VVE).

En 1414, Ferdinand I récupère le château et lui accorde 3 privilèges. Ainsi, il confirme tous ceux de ses prédécesseurs, lui accorde le patronage et la protection royale et confirme les privilèges de liberté et d'équité des charges et des tributs royaux (VVE).

En 1477, le château-abbaye subit son premier grand incendie, marquant le début de la ruine de Montearagón. Au cours de l'incendie, le retable de l'église, œuvre de Damián Forment, est perdu (CM). De nombreux meubles et une partie des reliques sont également perdues (VVE).

1500 à 1600
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, un accord est conclu pour rétablir la vie canonique dans l'abbaye, mais cette résolution ne se concrétise pas en raison du démembrement d'une grande partie de ses revenus par une bulle de Pie V, qui sont répartis entre les évêchés adjacents et d'autres institutions (CM).

En 1545, par décision royale, l'abbaye est dirigée par un gouverneur et six chapelains. Les chanoines quittent l'abbaye (VVE).

En 1571, Pie V effectue le démembrement général à la demande de Philippe II (VVE).

En 1599, la communauté régulière revient au château, cette fois avec une réduction significative de ses revenus (CM). L'activité monastique est ainsi reprise par des chanoines réformés de Saint Augustin venus du monastère de Santa Cristina (VVE). Depuis la fin du XVe siècle, l'église possède un nouveau retable en albâtre, œuvre de Gil Morlanes l'Ancien, qui peut être vu aujourd'hui au Musée diocésain de Huesca (CM).

1600 à 1800
Entre 1680 et 1708, à l'époque de l'abbé Ponzano, un palais abbatial est construit à l'intérieur de l'enceinte du château (VVE).

En 1792, les chanoines réformés de Saint Augustin quittent l'abbaye (VVE).

1800 à 1900
Entre 1808 et 1814 (NDR), au cours de la guerre d'indépendance, les troupes stationnées dans le monastère le pillent (CM).

En 1835, le désamortissement marque la fin de l'abbaye (CM), qui est vendue à un particulier (VVE) puis pillée avant de subir un nouvel incendie dévastateur (CM, VVE).

En 1843, le château-abbaye devient la propriété d'un marchand et habitant de Huesca, qui démonte le bâtiment pour vendre ses pierres et éléments, le transformant peu à peu en ruine. Cela pousse l'État à intervenir pour restituer sa propriété publique (CM).

1900 à 2000
En 1931, le site est déclaré Monument National. Par la suite, des efforts de préservation et de consolidation se succèdent avec plus ou moins de succès, précédant les interventions architecturales et archéologiques modernes (CM).

Au cours de la guerre de 1936, un bunker est édifié à proximité du château (VVE).

Depuis 1976, diverses interventions archéologiques sont menées pour étudier l'édifice. Ces actions servent à analyser différents secteurs et structures du château, mais aussi à préparer sa mise en valeur actuelle (CM).

2000 à Actuel
Entre 2021 et 2023, le Ministère de la Culture et des Sports d'Espagne, propriétaire du monument, entrepend des travaux de consolidation d'une valeur de 1,7 million d'euros. Suite à divers rapports et interventions structurelles, recalages et couture de murs, la base des murs est excavée et étudiée, ses ouvertures et parties supérieures sont consolidées, les fissures sont liées, les fentes remplies et un système de drainage périmétrique est mis en place, en utilisant le réseau de drainage historique de la forteresse elle-même (CM).

Actuellement, le Château-abbaye de Montearagón est un monument touristique, géré par la Mairie de Quicena (CM).


TOPONYMIE

L'espagnol Montearagon signifie Mont Aragon (NDR)


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Castillo de Montearagon (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant au Castillo de Montearagon.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Castillo de Montearagon, Monte Aragon 11,5 300 643 26,09 T1/T2 Autorisé


SOURCES

CM : Castillo de Montearagon. Site internet.
IPP : Pierre Tucoo-Chala. Quand l'Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois. Collection Terres et Hommes du Sud, J&D Editions, 1994.
VVE : Castillo de Montearagon. Viaja, ver, encontar. Article en ligne.


PHOTOS

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Tour albarane (11/10/2024)

Tour albarane (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Château (11/10/2024)

Vue aérienne - Site Castillo de Montearagon



Commentaires