Abbaye Saint-Sever-de-Rustan

ABBAYE SAINT-SEVER-DE-RUSTAN
190m

23 mars 2023

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

DESCRIPTION

De l'abbaye florissante au Moyen Âge, il n'en reste aujourd'hui qu'une petite partie. Il y a ainsi, sur le site de l'église romane, un Pavillon des Hôtes de style classique et l'Aile aux Moines (GPR). Dans le pavillon nord-ouest se trouve un grand escalier daté de 1776 (BM).

L'église est un long bâtiment formant la partie sud de l'abbaye, long de 55m pour une largeur de 11,5m, ou 25m avec les chapelles annexes. Elle comporte une nef de 5 travées irrégulières, une sixième travée faisant maintenant fonction de mairie, et un profond chevet aux voûtes et murs hétérogènes entourés de chapelles. L'aspect général est celui d'un édifice ancien mais très remanié. La première travée actuelle est ouverte au sud par un portail roman remonté, donnant accès au sud sur l'ancien cimetière et au nord sur le cloître par une porte datée du XIXe siècle. A l'intérieur, la travée est coupée verticalement par une voûte surbaissée, qui supporte un chœur occidental encore partiellement en place. A l'extérieur, le portail roman, surmonté d'un chrisme remployé, est inséré dans une maçonnerie en pierres de taille. Les chapiteaux historiés présentent des faces aveugles. Les colonnes en grès présentent de nombreux trous liés à la dissolution de sels et une très longue exposition à la pluie, ce qui n'est plus le cas avec cet emplacement au sud. Le chevet de l'église est surmonté par un ancien chemin de ronde et un crénelage, visibles sous la toiture actuelle. Côté nord, un décrochement de ce chemin de ronde indique qu'à l'origine il se poursuivait au nord sur les parties hautes de l'ancienne sacristie. Deux chapelles sont accolées au sud du chœur et une chapelle au nord (EDE). L'église est désormais un lieu de concerts et de culture (GPR).

HISTOIRE

500 à 600
En 590, une villa antique est citée par Grégoire de Tours. Par la suite, un sanctuaire préroman est probablement implanté autour de la tombe de Sever, dans les ruines de cette villa antique. Puis, dans un second temps, une église est peut-être édifiée et remplace ce sanctuaire préroman (EDE).

1000 à 1200
Vers 1022, une église existe probablement sur le lieu de la future église abbatiale de l'abbaye. Cette église serait celle de l'abbé Arsius, cité dans la charte de fondation de Saint-Pé-de-Bigorre (EDE).

Vers la fin du XIe siècle et au siècle suivant, l'église est complètement reconstruite. Cette nouvelle église est sans doute une église en pierres de taille, de grés et calcaire d'extraction locale, mortier de chaux et sans doute galets d'au moins 50m de longueur et de 5 larges travées, dont la travée d'avant-chœur supporte un haut clocher. La travée d'entrée ouest doit probablement ouvrir par le portail roman actuellement remonté au sud, avec un tympan chrismé et sans doute peint. Cette église n'a pas de transept mais une très longue nef unique (EDE).

1200 à 1300
En 1297, la bastide est fondée à proximité de l'abbaye. Elle prend le nom de Saint-Sever (LC). Le sénéchal de Toulouse et des ingénieurs royaux viennent (EDE). Probablement peu après, le chevet de l'église est reconstruit, entraînant la destruction du chevet roman. La frise qui soutenait la toiture est démontée et est remployée intérieurement comme support de départ des arcs de la voûte du chœur. Le nouveau chevet allongé et crénelé constitue sans doute une sorte de donjon en avancée sur les murailles et sur la tour-porte protégeant le pont sur l'Arros, pièce maîtresse d'un ensemble défensif considérable imaginé probablement par les ingénieurs royaux. Le maître d'œuvre de ce nouveau chevet fortifié est peut-être nommé Paulus Iohannes et fait peut-être inscrire comme dédicace PA[ulus] IO[hannes] DE FEMI ME AEDIFICAVIT (EDE).

1300 à 1500
Au XIVe siècle, l'abbaye est un relais important sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle (LC).

Entre 1337 et 1453, au cours de la Guerre de Cent Ans, l'abbaye est dévastée (GPR, BM).

Vers 1440, l'église subit une reconstruction partielle. Au niveau des deux premières travées ouest, une puissante voûte, destinée à supporter un chœur occidental surélevé, est mise en place. Les armes de l'abbé Manaud de Barbazan sont gravées. Ce chœur occidental est accessible par l'étage du cloître, ce qui implique une campagne de travaux s'étendant aussi sur les bâtiments conventuels et leur système de circulation, en particulier l'étage du cloître. Ce chœur occidental a pour but de permettre aux moines d'assurer le service divin de nuit sans avoir à descendre dans l'église. L'abbé Manaud de Barbazan fait probablement aussi réaliser d'importants travaux dans la salle du chapitre aujourd'hui disparue, où ses armes sont gravées sur une clef de voûte (EDE).

En 1444, l'abbé Manaud de Barbazan envoie une supplique au pape Eugène IV, signalant le mauvais état des bâtiments conventuels et demandant une aide financière pour les travaux (EDE).

Vers 1470, la travée d'avant-chœur de l'église est reconstruite. De style gothique, cette nouvelle travée est éclairée par une fenêtre à lancette. Les armes de l'abbé Dominique de Ponte sont gravées. Cette reconstruction de la travée est probablement liée à un remaniement du mobilier du chœur abbatial et de ses accès (EDE).

1500 à 1600
Probablement peu avant 1514, une chapelle sud, dédiée à Sainte Catherine, est édifiée dans l'église. La fenêtre à lancette éclairant la travée gothique d'avant-chœur est occultée. Les armes écartelées de l'abbé Roger de Montaut de Navailles sont gravées. Probablement au cours de la même période, la chapelle nord, dédiée à Sainte Marie, et une deuxième chapelle sud sont édifiées dans l'église (EDE).

En 1573 (GPR, BM), les protestants incendient l'église (GPR, BM, LC) et les bâtiments monastiques (GPR, BM). Le clocher roman de l'église s'effondre (EDE). Les moines sont massacrés, les archives détruites et les reliques de Saint-Sever sont jetées dans la rivière (LC). Les protestants pillent aussi le village (BM).

1600 à 1700
Au XVIIe siècle, la congrégation de Saint-Maur, à qui est confiée l'abbaye, entreprend la restauration de l'édifice (BM). Au cours de ce même siècle, Dom Estiennot produit une notice sur l'église abbatiale où il relève l'inscription PA IO DE FEMI ME AEDIFICAVIT. Par la suite, cette inscription disparaitra (EDE).

En 1668, Dom Maignen produit un manuscrit où il dessine la clef de voûte portant un écu armorié avec la croix des abbés de Barbazan dans la salle du chapitre aujourd'hui disparue (EDE).

En 1676, la coupole et le clocher de l'église sont repris avec des matériaux romans. La coupole est rebâtie en pierres et le clocher est remplacé par un modeste édicule. Un pan de mur, d'appareillage médiocre, est peut-être remonté avec une fenêtre de l'époque romane qui éclaire alors la travée à coupole. Probablement au cours de cette période, le portail et une fenêtre romane sont remontées au sud de l'église, donnant accès au cimetière communal (EDE).

1700 à 1800
Entre 1736 et 1780, une campagne de travaux est réalisée par l'abbé Dom Charles Lacroix (BM).

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le bâtiment de la ferme est sans doute réalisé, prenant appui contre le mur de clôture préexistant (BM).

En 1776, le plafond de la nef de l'église est refait. Une sacristie est aménagée et les actuelles boiseries qui habillaient une salle du logis abbatial y sont transportées. Les cuisines et les cellules du dortoir sont réaménagées et le grand escalier du pavillon nord-ouest est édifié (BM).

A la veille de la Révolution, l'Aile aux Moines est achevée (GPR).

Au cours de la Révolution, l'abbaye est vendue comme bien national (GPR, BM), à l'exception de l'église et de la sacristie (BM).

1800 à 2000
En 1815, l'orgue de l'église est attribué à l'église Saint-Jean de Tarbes. Cette décision du Ministre de l'Intérieur ne fait pas l'unanimité chez les opposants qui s'enferment dans l'abbaye. Une bataille s'engage contre 500 soldats qui viennent récupérer l'orgue (LD). L’orgue est finalement bien transféré de Saint-Sever à l'église Saint-Jean de Tarbes (LC). Par la suite l'orgue sera transféré dans l’église de Castelnau-Magnoac (LC).

En 1889, le corps de bâtiment principal, à l'ouest du cloître, est racheté par la municipalité afin d'y loger l'école (BM, LC). Par la suite, le cloître du 15e siècle est démonté, puis transféré à usage de "fabrique" dans le jardin Massey à Tarbes (BM).

En 1890, le cloître très détérioré, mais restauré avec des chapiteaux du monastère des Carmes de Trie-sur-Baïse, est vendu à la ville de Tarbes (LC, LD), pour la somme de 4.000 F (LD). Par la suite il sera remonté au Jardin Massey de Tarbes (LC, LD).

A la fin du 19e et au début du 20e siècle, quelques destructions sont opérées (BM).

En 1914, l'église, la sacristie et les bâtiments de l'ancienne abbaye sont classés aux Monuments historiques (BM).

En 1991, le bâtiment nord-ouest longeant l'ancienne cour d'honneur, dit Aile des Moines, les vestiges du bâtiment situé au nord-est du cloître, et l'aire du cloître sont classés aux Monuments historiques (BM).

En 1999, la ferme, avec le sol de la cour et le pont qui la relie au bras de terre bordant la rivière de l'Arros, est inscrite aux Monuments historiques (BM).

2000 à Actuel
En 2010, le département des Hautes-Pyrénées fait l’acquisition de l'abbaye (LC).

TOPONYMIE

Saint-Sever est le nom du saint auquel était dédiée l'abbaye, et Saint-Sever-de-Rustan est le nom du village dans lequel se situe l'édifice (NDR).

SITUATION

MÉTÉO

Abbaye Saint-Sever-de-Rustan (meteoblue)

meteoblue

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Abbaye Saint-Sever-de-Rustan.

Itinéraire	Km	D+	Altitude max	D+/Km	Cotation	Chiens
Abbaye Saint-Sever-de-Rustan	18,5	300	290	16,22	T1/T2	Autorisé

SOURCES

GPR : Julie Vivier, Sylvain Lapique. Guide des Pyrénées romanes. Editions Privat, 2011.
EDE : Stéphane Abadie. Evolution et datation relative de l'église abbatiale Saint-Sever-de-Rustan. Academia.edu. PDF en ligne.
BM : Ancienne abbaye. Base Mérimée. Notice en ligne.
LC : Saint-Sever-de-Rustan. Site Loucrup65. Article en ligne.
LD : Saint-Sever-de-Rustan, l'imposante. La Dépêche. Article en ligne.