Ultra Tour 160K (Grand Raid des Pyrénées 2024, Assistance improvisée)

ULTRA TOUR 160K
GRAND RAID DES PYRÉNÉES 2024
Assistance improvisée



LE COMPTE-RENDU

Un week-end et une course d'anthologie. Vendredi, je rentre de ma rando des étoiles plein les yeux et la tête, après avoir gravi un sommet que je repoussai depuis trop longtemps et qui était un petit défi pour moi. Douche puis départ vers Luz avec mon épouse pour passer la nuit et attendre à la base de vie Sarah O. qui est déjà entrain d'arpenter les 160 km du GRP. Comme d'habitude, elle a fait un entraînement et une préparation à cette course complètement débile. Mais bon, elle va y arriver, c'est sûr. Je surveille le live. Et je zieute tous les coureurs des Givrés de Nay qui sont sur les différentes courses, avec une attention plus particulière pour Pierre L. qui fait le 120 et que j'ai accompagné dans sa préparation. Ca a l'air de bien se passer mais il lui en reste encore beaucoup à faire. Sur les 40 km, Fabien B., Emilie L. et Jonah M. ont terminé.

Sur la route, on passe à côté de Pierrefite, Sarah O. doit passer dans pas longtemps. Finalement, on décide de s'y arrêter. Simon G. est au ravito. Je lui fais un coucou. Il a eu des petits soucis gastriques mais il semble bien gérer le truc. Léa G. et un ami à eux s'occupent de lui. Il repart. Sarah O. arrive comme une tornade. 77 km, 14h28 de course. Ses amies l'attendent. Elle se ravitaille, comme d'habitude, la pile électrique est au max. Les pâtes volent dans tous les sens, la moitié dans le gosier, le reste par terre. Elle veut déjà repartir. Il faut user de beaucoup de diplomatie mais, finalement, elle se pose un peu. Elle a les pieds qui commencent à faire mal à cause des chaussures et il faut régler deux ou trois détails, qui peuvent devenir des gros soucis pour la suite. Elle repart, on sent qu'elle n'est pas fatiguée, elle est vraiment bien. Je surveille le live. Les autres Givrés sont assez loin. Avec mon épouse, on se questionne pour la suite. Bon, ben, direction Cauterets, prochain passage du 160.

On pique-nique à proximité du Cambasque et on profite du moment puis on redescend à Cauterets. La nuit est tombée. Alex L., parti comme une fusée, a jeté l'éponge. Simon G. arrive. Il est bien. Son assistance s'occupe à nouveau de lui. Puis vient Sarah O. Elle se ravitaille, se pose un peu. Tous les feux sont au vert. Elle repart, un ami de son club l'accompagne pour la suite du parcours. Bon, nous, on fait quoi ? Allez, direction le prochain passage à Aulian.

Arrivés à Aulian, le temps passe. On distingue les montagnes qui se découpent dans la nuit étoilée. J'arpente régulièrement la montagne mais c'est de jour et ça je ne connais pas. Ben, c'est beau aussi. Simon G. passe. Il a l'air toujours bien. On attend, accompagnés de Léo O. et Oslo. Sarah O. arrive. Elle commence à être dans le dur. La descente c'est pas son truc, et là, c'est de nuit et c'est technique, pas du tout roulant. Les jambes commencent à faire mal. Son ami du club qui l'accompagne dans cette partie est un gros soutien pour elle. Elle repart. Pour nous, direction Luz.

A Luz, on dort un peu. Mais pas trop... J'ai les yeux rivés sur le live. Sur le 120, Pierre continue son épopée, tout comme Vincent B., alors que Clément A. fait une énorme course. Sur le 160, Mathieu Mu. est arrêté à Cauterets. Mince. Je verrai plus tard qu'il a eu des soucis gastriques. Il n'est pas seul à devoir arrêté, les abandons pleuvent sur ce GRP. Il a déjà fait une belle année de course et il en fera d'autres, je ne me fais pas de soucis pour lui, même si c'est toujours un crève-cœur sur le moment. Derrière, Julie T. poursuit son petit bonhomme de chemin tandis que Mathieu Mo. avance, mais ça a l'air compliqué. Je croise les doigts pour lui. Bon, ça doit pas l'aider beaucoup...

Simon G. passe. Léa G. et leur ami s'occupent de lui. Il repart. Il fait une belle course. On attend. Sarah O. arrive. Bon, là, c'est compliqué. C'est un peu la débandade. Elle est épuisée, les cuisses sont en feu. La suite de la descente, technique, pas roulante et de nuit l'a épuisée nerveusement. Ravito un peu en version robot puis direction les kinés et podologues. Bon, faut être propre pour les soins... tiens je me retrouve comme au taf, lavage de pieds et de guiboles. Elle y retourne. Massage puis soins des pieds par les kinés et podologues. Puis elle va dormir un peu. Ses amis de son club sont là, elle est bien entourée. Nous, avec mon épouse, on va dormir aussi. Un peu.

Réveil. Regard sur le live. Impossible de savoir si elle est repartie et si oui à quelle heure. Elle n'est pas marquée arrêté et on a pas reçu de messages. Bon, c'est sûr elle est repartie. Dans quel état, à quelle heure ? Bref, le stress est là. On va à Tournaboup. Des orages sont prévus dans l'après-midi. Vigilance orange sur le département. Aïe. Entre temps, Mathieu Mo. a dû arrêté. Dommage. Avec la météo qui se prépare, c'est sûrement préférable. Quant à Julie T., elle est passée à Luz et continue. Sur le 120, ça avance. Je stresse de plus en plus pour Pierre L. Il avance régulièrement, mais je n'arrête pas de me demander si le plan d'entraînement était bon, si les conseils étaient bons, si je n'ai pas foiré un truc et si, du coup, je ne lui ai pas foiré sa saison. Mine de rien, c'est pas de tout repos de gérer ce genre de truc, surtout, qu'après, pendant la course, on est plus maître de rien.

Tournaboup. On attend. Simon G. est passé. Avec les orages prévus, la barrière horaire de ce passage a été largement baissé. On voit 13h. Et une grosse partie des coureurs du 160 sont déviés du parcours initial. Avec mon épouse, qui s'est prise au jeu alors que ce n'est vraiment pas son monde, on stresse. On ne sait pas où en est Sarah O. Surveillance du live. L'info tombe. Elle est passée au Refuge de la Glère. Elle n'a donc pas été déviée et reste dans le projet de 160 km. Mais il lui reste peu de temps pour arriver à Tournaboup dans les temps. Clock, clock, clock. Les minutes défilent. On discute avec une dame qui attend son compagnon. Et là, le stress explose. 13h c'est la barrière horaire de sortie du ravito. L'entrée, c'est 12h30. Merde ! C'est mort.

12h27. Les bénévoles commencent à fermer les barrières du ravito. Un gars passe. Les barrières se referment encore plus.

12h29. C'est définitivement mort. La course va s'arrêter là pour Sarah O. Tant pis. Rien de grave, ce n'est que du trail, même si pour la coureuse c'est forcément une énorme déception sur le moment. Je lève la tête. Un coureur arrive. Non, une coureuse. C'est Sarah ! Je cours vers elle comme un gamin. Ses amis de son club sont là aussi. Tout le monde court avec elle. C'est la folie.

12h29mn45s. Elle bip au contrôle. Elle passe. Un truc de dingue. Je la laisse au ravito avec ses amis. Elle en sort. Putain, elle a l'air très bien, en forme. Elle s'est refait la cerise. Avec mon épouse, on est comme des gosses, on est super heureux. Elle repart, accompagnée par un ami de son club. C'est bon, elle va finir ses 160 km.

La question pour nous et la suite de la journée ne se pose même pas. Direction Saint-Lary-Soulan. On a du temps, il fait chaud, on a faim. Petit resto. Salade, glace. Non mais, on a pas couru, mais on les a bien mérité. Puis attente. Julie T. a été stoppé à la barrière horaire de Tournaboup. Ca reste un énorme morceaux et une belle aventure. Clement A. a terminé sur le 120, une très belle performance, tout comme Vincent B. Fabrice S. termine aussi sa course. Simon G. a passé la ligne du 160. Je le retrouve un peu à l'arrivée. Il est plutôt bien malgré sa belle performance. Il m'explique que ça a été un gros chantier, surtout le passage de nuit. Je veux bien le croire.

On attend. Cette fois, c'est Pierre L. qui déboule un peu avant l'arrivée. Je stresse. Dans quel état il est ? Est-ce qu'il est content de sa course ? Est-ce qu'il est content de la prépa ? Est-ce que j'ai bien fait les choses de mon côté ? Il me voit. Je le félicite. Il m'adresse un grand merci. C'est pas grand-chose mais alors ça fait un plaisir énorme. Je me dis que j'ai pas trop foiré.

On attend. On surveille le live. Sarah O. passe Merlans. Les nuages noirs s'amoncellent sur la montagne. Puis ça commence à gronder. On attend. Elle passe Vignec. Grosse averse sur Vielle-Aure. On est trempé jusqu'aux os. Sarah O. passe la ligne d'arrivée sous des trombes d'eau. Logique pour parachever cette course d'anthologie.

On est super heureux pour elle. Elle a l'air vraiment bien, pas trop entamée par cette folle aventure. Elle a du monde autour d'elle. Son mari, ses amis, sa famille. Elle peut être fière. Sarah O. c'est tout un monde. Chiante et attachante. Très chiante. Très attachante. On s'éclipse, faut qu'on rentre et qu'on aille dormir.


LE SITE

Grand Raid des Pyrénées. Site officiel.



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