Héron cendré

Héron cendré

Ardea cinerea

Photo Infernocomplex © - iNaturalist


LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

Selon plusieurs ornithologues, c'est-à-dire deux, le Héron cendré est de la famille noble des Atrèides. Ainsi, selon l'ornithologue-écrivain Gérard Herbert et le réalisateur-ornithologue Gérard Villeneuve, l'oiseau s'observerait dans les dunes, à bouffer de l'Epice en chevauchant des vers. Au contraire, le reste de la communauté scientifique, c'est-à-dire tous sauf deux, indique que le Héron cendré préfère les milieux humides, mais avec pas trop d'eau, juste un peu, là comme ça, une lichette, pas plus, point trop n'en faut, 40 cm maximum, c'est parfait. C'est pourquoi il n'est pas rare de voir le Héron cendré se promener avec un mètre à mesurer. Le Héron cendré est méticuleux.

A la demande de son docteur, le Héron cendré a un régime particulier. Ainsi, il est piscivore. Ce qui peut porter à confusion. Mais l'oiseau est surtout psychopathe. En effet, avec son long poignard pointu, il ne s'en sépare jamais, il surine à tout va le petit poisson innocent qui passe par là, avant de le dévorer façon sushi. Le Héron cendré serait donc originaire du Japon.

Le Héron cendré est très difficilement identifiable. En effet, le Héron cendré a un long cou. Il peut donc être confondu avec une girafe. Le Héron cendré est essentiellement gris et se trouve souvent dans l'eau. Il peut donc être confondu avec un hippopotame. Le Héron cendré a un très long nez. Il peut donc être confondu avec Pinocchio. Le Héron cendré a de longues pattes toutes maigres. Il peut donc être confondu avec une top modèle. Selon l'intelligentsia des gens pas connus qui s'y connaissent, le Héron cendré est donc très délicat à identifier si l'observateur n'est pas un expert. Ou si il est très crétin.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique


LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Noms
Héron cendré (français), Grey heron (anglais), Airone cenerino (italien), Garza real (espagnol), Garça-real-comum, Garça-moura-europeia (portugais), Graureiher (allemand), Szürke gém (hongrois), Blauwe reiger (néerlandais), Grahäger (suédois), Grahegre (norvégien), Volavka popolava (slovaque), Volavka popelava (tchèque), Fiskehejre (danois), Harmaahaikara (finnois), Bloureier (afrikaans), Bernat pescaire (catalan), Grahegri (islandais), Czapla siwa (polonais), Zivju garnis (letton), Siva caplja (slovène), Cangak abu (indonésien).

- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Aves/Oiseaux (Classe), Pélécaniformes (Ordre), Ardeidae/Ardéidés (Famille), Ardea (Genre), cinerea (Espèce).
Linnaeus, 1758 (Descripteur).

- Répartition
Le Héron cendré est présent de l'Europe occidentale jusqu'au Japon et du nord de la Scandinavie et de la Sibérie au sud de l'Afrique, de l'Inde et de l'Indonésie. Il est présent du niveau de la mer jusqu'à 500, voire 1 000 m, et se reproduit parfois beaucoup plus haut, par exemple 2 000 m en Arménie, ou 3 500 à 4 000 m au Ladakh, au nord-ouest de l'Inde. Le Héron cendré est absent dans les zones arctiques, dans les grandes zones désertiques que sont le Sahara, l'Arabie et les déserts asiatiques, ainsi qu'en Océanie, dont l'Australie et la Papouasie-Nouvelle Guinée. Il est également absent dans le continent américain.

Il existe des sous-espèces isolées. Ainsi, Ardea cinerea firasa est présent à Madagascar, Ardea cinerea jouyi au Japon jusqu'en Birmanie et Java, et Ardea cinerea monicae au Banc d'Arguin en Mauritanie, cette dernière sous-espèce étant considérée comme espèce par certains.

IUCN Red List ©, 2019

- Habitat
Le Héron cendré affectionne les milieux humides. En chasse, il fréquente des habitats variés en eau courante ou stagnante, salée ou saumâtre, pourvu que la profondeur ne soit pas trop importante, soit moins de 40 cm. Il se trouve ainsi dans les marais, les étangs, les lacs, les rivières, les zones inondées, les fossés, les lagunes ou les polders. En Bretagne, il fréquente aussi les rivages marins.

Lors de la période de reproduction, le Héron cendré, qui se mélange alors volontiers aux autres espèces de hérons, aux ibis, aux cormorans ou aux spatules, affectionne les lieux à la fois à l’abri des regards et proches d’une source de nourriture. Il recherche alors les milieux arborés avec de grands arbres feuillus ou résineux pour établir son nid, à proximité de zones humides. Si le Héron cendré chasse seul, il se reproduit plutôt en colonie que l'on appelle des héronnières. Celles-ci sont ainsi observées le plus souvent dans les hauteurs des arbres d'un bois ou d'un boqueteau, en lisière de forêt, sur de petits saules au milieu des marais ou plus rarement directement dans les roseaux. Les hérons cendrés sont fidèles à leurs lieux de nidification d'année en année pour peu qu'ils ne soient pas dérangés ou les arbres détruits. La taille des colonies varie en fonction des ressources et de la rigueur de l'hiver et peut atteindre plusieurs centaines de nids, même si les couples isolés ne sont pas rares. Les nids sont faits de branchettes et de brindilles, avec une coupe sommaire garnie d'éléments végétaux fins, généralement à la cime des arbres, en bout de branche. Lorsqu'ils sont installés directement dans les roseaux, ils sont posés sur une assise de tiges sèches de roseaux entrecroisées au-dessus de l'eau, un autre support comme un touradon de Carex pouvant aussi être utilisé. Les nids sont construits bien avant la pousse des feuilles, en fin d'hiver, sont assez large et plat, mais font relativement petit pour la taille de l'oiseau. Quand de tels nids voisinent avec des nids de Corbeaux freux comme c'est assez fréquemment le cas, la différence de taille peut ne pas être flagrante. Malgré leur structure assez faible, les nids peuvent être rénovés et réutilisés d'une année sur l'autre, sur plusieurs années, surtout les nids arboricoles, et gagnent alors en volume. En période de reproduction, le nid constitue le territoire d'un mâle. Un même arbre peut supporter plusieurs nids, jusqu'à 10 et plus.

En dehors de la période de reproduction, le Héron cendré s'observe fréquemment dans les milieux agricoles, dans les champs cultivés, les friches et les prairies.

En dehors de la saison de reproduction pour les adultes et en tout temps pour les immatures, les oiseaux se rassemblent pour la nuit en dortoirs dans des endroits qui les protègent des prédateurs, par exemple sur des arbres, sur des îlots de plan d'eau, ou sur des vasières.

Les Hérons cendrés sont de nature farouche et gardent leurs distances vis à vis de l'homme. Mais cela ne les empêche pas par ailleurs d'être opportunistes et de venir par exemple tôt le matin ou tard le soir vider un bassin de ses poissons rouges en zone urbaine.

- Gestion et saturation des colonies
Les Hérons cendrés font un compromis entre la richesse des zones d’alimentation et le coût énergétique des déplacements, qui est proportionnel à l'éloignement des zones d’alimentation exploitées. De ce fait, le nombre de nicheurs d’une colonie en expansion tend toujours à se stabiliser. Cette saturation demande plusieurs années. Elle se reproduit ensuite chaque année en cours de saison, au début d'installation dès janvier ou février, avec un pic en mars et une fin d'installation début juin. La distance moyenne de prospection alimentaire ne dépasse pas 25 km pour une colonie de 1 300 couples et peut tomber à seulement 5 km pour les plus petites. Le nombre de couples à saturation dans une colonie et le temps pour y parvenir dépendent naturellement de l’importance des zones d’alimentation disponibles autour de celle-ci, et de la concurrence exercée avec d’autres colonies pour un même espace alimentaire.

- Migration
Le Héron cendré est un migrateur partiel, le comportement migrateur variant en fonction du climat hivernal sur les lieux de reproduction. Ainsi, suivant la latitude, les oiseaux sont sédentaires ou migrateurs, la plupart des populations paléarctiques étant totalement migratrices, tandis que, plus au sud, les populations ont tendance à être sédentaires ou seulement partiellement migratrices. Les populations nicheuses du nord de l'Europe et de l'Europe continentale, descendent ainsi vers le sud pour passer l'hiver, tandis que celles de Grande-Bretagne, de France et de Belgique sont plutôt sédentaires ou erratiques. La France accueille des migrateurs et hivernants venus du nord à partir de septembre. Les plus grands voyageurs atteignent l'Afrique tropicale. Pour les populations migratrices, après une période de dispersion des jeunes à la recherche de ressources alimentaires, la migration post-nuptiale commence en août et s'achève en novembre.

La plupart des mouvements migratoires ont lieu la nuit, les Hérons cendrés se déplaçant en petits groupes ou en bandes plus importantes de 200 à 250 individus. Ces groupes s'organisent moins systématiquement en V que les Grues, les Oies ou les Cormorans.

Photo bsteer © - iNaturalist

- Morphologie
Le Héron cendré est le plus grand Ardéidé d'Europe. Ainsi, c'est un échassier qui mesure environ 90 à 98 cm de haut pour une envergure de 1,75 à 1,95 m et un poids moyen de 1,7 kg. Le mâle et la femelle sont semblables, excepté une taille un peu inférieure pour la femelle, y compris le bec. Le Héron cendré possède un bec jaunâtre en forme de poignard. Les lores, qui sont l'espace compris entre la partie antérieure de l'œil et les narines, sont jaunes ou brun-verdâtres, et les iris sont jaunes. Son front et le dessus de sa tête sont blancs entourés de deux bandes latérales noires qui se rejoignent en huppe au niveau de sa nuque, et le devant de son long cou, blanc, possède des lisérés noirs en flammèches. Les parties inférieures de son corps sont blanches. Les côtés de sa poitrine et de son ventre sont noirs. Vu de dessus, son dos, ses scapulaires, ses couvertures secondaires et sa queue sont gris pâle, tandis que ses rémiges et ses couvertures primaires sont d'un gris très foncé presque noir, d'où un contraste typique entre elles et le reste du corps. Les poignets sont de couleur blanche. Les longues pattes sont jaunâtres, excepté le côté intérieur des tarses plutôt noirâtre.

Au cours de l'hiver, le plumage nuptial se développe chez l'adulte reproducteur. Le bec devient jaune orange, les lores, qui sont l'espace compris entre la partie antérieure de l'œil et les narines, bleuissent, la huppe noire s'allonge, de longues plumes filiformes blanches poussent au bas du cou et au niveau des scapulaires, les pattes jaunissent encore. Le mâle se distingue alors de la femelle par ses teintes plus vives. Tous ces atours contribueront à la mise en valeur de l'adulte au moment des parades nuptiales.

Les juvéniles sont plus uniformément gris et les tarses sont beaucoup plus foncés que chez l'adulte. Ils ne possèdent pas les plages noires des côtés de la poitrine et n'ont donc pas les épaules couvertes par elles au repos. Le contraste entre le noir et le gris de la tête est faible. Certains juvéniles présentent une couleur roussâtre plus ou moins prononcée sur les côtés du cou et sur la poitrine. L'acquisition du front et du dessus du crâne blanc est progressive au cours de l'âge, augmentant d'autant le contraste, comme pour l'ensemble du plumage, et semble plus rapide chez le mâle.

Il semble que ces grands oiseaux ne sont pas gênés par leurs grandes ailes et leurs grandes pattes quand ils évoluent dans les arbres. Leurs ailes leur servent à garder leur équilibre et leurs longs doigts à saisir les branches, même les plus fines.

- Difficultés d'identification
En France, il est difficile de confondre le Héron cendré, qui est une espèce très caractéristique, avec un autre Ardéidé. Le Héron pourpré, Ardea purpurea, a des allures bien plus fines et la qualité et la répartition des couleurs éliminent les possibilités de confusions. Restent quelques rares individus qui peuvent être albinos ou au contraire mélanisants, soit gris foncé, les albinos ressemblant alors beaucoup à une Grande Aigrette, Ardea alba.

- Cri
En dehors des cris d'agressivité lors de la défense territoriale, le Héron cendré est généralement silencieux sur les zones d'alimentation et n'émet des cris de vol qu'assez rarement et généralement en groupe ou lorsqu'ils se suivent en quittant la colonie lors des vols pour aller s'alimenter. Au contraire, les colonies sont très bruyantes, avec des cris rauques répétés lors de l'atterrissage sur le nid, le caquètements bruyants des jeunes quémandant la nourriture, d'intensité croissante avec l'âge, et surtout les cris émis lors de la régurgitation des proies par l'adulte. Les cris nuptiaux sont audibles à grande distance.

- Vol
Comme les autres ardéidés, le Héron cendré replie le cou en vol de façon à équilibrer le poids du corps. Le cou forme alors une boucle proéminente par dessous et les pattes sont tendues vers l'arrière. Enfin, les ailes longues et larges apparaissent voûtées, avec le poignet surélevé et la pointe tombante. Ces caractéristiques sont à l'origine d'une silhouette très caractéristique. Le vol est ample, lourd et puissant, et les Hérons cendrés sont capables de voler sur de grandes distances.

En vol, le Héron cendré replie son cou qui prend la forme d'un S à l'image de l'ensemble des espèces de sa famille, les Ardéidés.

- Régime alimentaire
Le Héron cendré se nourrit essentiellement de poissons, en particulier pour l'alimentation des jeunes. Le régime inclut aussi des amphibiens comme les grenouilles, certains invertébrés comme les écrevisses et des taxons amphibies tels que la couleuvre à collier ou la musaraigne aquatique, mais de façon marginale. Le Héron cendré sait faire preuve d'un certain opportunisme. Il capture ainsi ses proies en fonction de leur abondance et de leur disponibilité. Hors saison de reproduction, le Héron cendré est beaucoup moins assujetti à la présence de l'eau et il se voit souvent en milieu terrestre, surtout en prairie, où il chasse les campagnols et probablement aussi les vers de terre.

- Technique de chasse
En chasse, le Héron cendré fréquente des habitats variés en eau courante ou stagnante, salée ou saumâtre, pourvu que la profondeur ne soit pas trop importante, soit moins de 40 cm. En effet, les longues pattes de l'oiseau lui permettent de marcher dans cette eau peu profonde afin d'y repérer ses proies en transparence à la surface de l'eau. La technique de chasse du Héron cendré est la chasse à l'affût mais, exceptionnellement, des individus peuvent nager ou plonger pour capturer une proie. Le Héron cendré est capable de rester parfaitement immobile pendant de longs moments, les yeux rivés vers la surface, à l'affût de son prochain repas. Une fois la proie repérée, d'une détente foudroyante du cou, il la capture ou la harponne si elle est assez volumineuse, avec son bec en poignard. Il fait de même en milieu terrestre avec les campagnols qu'il peut affûter près de leurs galeries ou alors saisir par surprise en maraudant. Les grosses proies terrestres sont tuées du bec avant d'être avalées.

- Cycle de vie
En dehors de la saison de reproduction pour les adultes et en tout temps pour les immatures, les Hérons cendrés se rassemblent pour la nuit en dortoirs dans des endroits qui les protègent des prédateurs, par exemple sur des arbres, sur des îlots de plan d'eau, ou encore sur des vasières. À l'inverse, ils sont très solitaires et territoriaux sur leur zone alimentaire, défendant vivement leur territoire contre les intrus et les poursuites étant alors fréquentes.

L'espèce se reproduit de janvier à mai dans la région paléarctique, et au printemps et en été dans les zones tempérées, mais principalement pendant les pluies en Afrique et dans les tropiques, bien que dans ces zones elle puisse également se reproduire à n'importe quel mois de l'année.

En période de reproduction les Hérons cendrés se rassemblent en colonies, mais continuent de chasser en solitaire. Ainsi, bien avant la pousse des feuilles, en fin d'hiver, le Héron cendré construit son nid, qui peut être rénové et réutilisé d'une année sur l'autre, durant plusieurs années. Le nid constitue alors le territoire d'un mâle, ainsi limité aux abords immédiat du nid. Selon leur date plus ou moins précoce d’arrivée dans la colonie, les individus s’accaparent un territoire sur les zones vacantes les plus proches et les plus riches, tandis que les retardataires n'ont plus le choix que d'établir leur territoire sur des zones moins intéressantes. Les accouplements sont monogames, mais ils semble que les liens du couple ne tiennent que le temps d'une nidification. Il n'y a pas de fidélité dans le temps au partenaire comme cela peut s'observer dans d'autres groupes, par exemple les rapaces. Lorsqu'un mâle a choisi son nid, il cherche inlassablement par ses cris et son comportement à y attirer une femelle. Ainsi, tantôt il exhibe ses épaules noires, tantôt il hérisse les plumes de sa poitrine, tantôt il s'accroupit en lançant de longs gargouillements. Quand une femelle s'y intéresse, la parade s'intensifie et le mâle l'accepte sur son nid. L'accouplement a lieu après de multiples mouvements de rapprochement lors desquels les deux oiseaux se tâtent du bec et saisissent des matériaux. Le nid devient le territoire du couple, mais chaque oiseau reste solitaire et territorial sur les zones alimentaires, au point que les deux conjoints ignorent même où se trouve leurs territoires respectifs, cas unique chez les oiseaux.

Entre mars et mai, la femelle pond de 3 à 5 œufs, généralement 4. Ces œufs sont mats, d'un bleu-vert clair. La couvaison, qui dure 4 semaines voire un peu plus d'un mois, est assurée alternativement par les deux parents. L'incubation commence dès le premier ou le deuxième œuf, ce qui entraîne un décalage des naissances, souvent fatal aux plus jeunes en cas de pénurie alimentaire ou lorsque le décalage de naissance est trop important.

A la naissance, les poussins ont un aspect un peu comique, avec leur duvet blanc dressé sur la tête. Ils quémandent leur pitance par des caquètements incessants à longueur de journée. Ils sont nourris par les deux parents qui, sollicités par les coups de bec des poussins, régurgitent la nourriture prédigérée. Les poussins se servent d'abord dans le bec des adultes puis, plus tard, directement dans le nid. L'élevage des jeunes dure 8 semaines.

Les colonies sont généralement désertées fin juin. Adultes et jeunes se dispersent assez rapidement, certains restant sur les zones d’alimentation de la colonie, d’autres rejoignant directement leur zone d’hivernage. La mue postnuptiale des adultes, complète, commence avant l'envol des jeunes, de juin à novembre. Les jeunes les plus téméraires, âgés d'une cinquantaine de jours quittent le nid progressivement. En général, les juvéniles séjournent au nid environ 2 mois, ne volant pas très bien avant l'âge de 55 jours. Sur les 3 à 5 œufs d'un nid, il ne reste en moyenne plus que 2 jeunes à l'envol, notamment dans les colonies saturées. Ils commencent alors leur apprentissage de la chasse sur les rivages à proximité du nid et deviennent complètement indépendants à l'âge de 3 mois. La mue post-juvénile est partielle, très variable dans le temps, entre septembre et février.

Pour les populations migratrices, après une période de dispersion des jeunes à la recherche de ressources alimentaires, la migration post-nuptiale, pour passer l'hiver, commence en août et s'achève en novembre, ces populations retournant sur leur site de reproduction en février.

Le Héron cendré ne fait qu'une couvée par an, sauf parfois en cas d’échec. Il peut vivre jusqu'à 25 ans, une longévité maximale observée grâce aux données de baguage étant d'environ 35 ans. La mortalité des jeunes après l'envol est élevée et culmine en septembre pour diminuer rapidement ensuite, représentant un taux annuel d’environ 65%. Celle des adultes est d'environ 30% et est plus régulière dans l’année, bien que plus élevée en automne et en hiver.

Photo Wolfgang Bettighofer © - iNaturalist

- Étymologie
Ardéidés vient du latin ardea et du grec tardif érôdios, les deux mots signifiant héron. Cinerea vient du latin cinereus qui signifie cendré. Le latin ardea est attesté chez Virgile au Ier siècle av. J.C.

Le mot actuel héron vient du haut allemand heigro, du francique haigro, qui ont donné, au XIIe siècle hairon puis aigron, ce dernier nom étant encore employé en Touraine au début du XXe siècle, et enfin héron. La racine germanique *hraigron serait à l'origine de la plupart des noms du héron en Europe, par exemple l'allemand reiher, le suédois häger, le norvégien hegre, le français héron, l'anglais heron et l'italien airone. Cependant, l'allemand reiher, le néerlandais reiger, le suédois häger et le vieil anglais hragra, de même origine germanique hraizran, seraient l'onomatopée du cri de l'oiseau. L'espagnol garza et le portugais garça seraient d'origine celtique. Pour Desfayes, héron vient d'une racine h-r qui signifie pointu, hérissé. Il mentionne à l'appui de son idée l'expression issue de la fauconnerie faucon ahuri c'est-à-dire faucon qui possède des plumes hérissées sur la nuque. Ahuri et hurluberlu sont deux mots dérivés de hure, qui signifie tête hirsute, la connotation péjorative de ces mots venant de l'idée que quelqu'un qui est ébouriffé et dont les cheveux sont mal peignés ne saurait avoir un comportement normal. Les Indiens d'Amérique du Nord ont souvent été nommés Hurons, ce qui signifie à tête hérissée, en raison de leur coiffure de plumes.

En italien, le nom de l'oiseau est Airone cenerino, cenerino signifiant cendré. Dans plusieurs langues, la couleur grise est retenue pour nommer l'oiseau. Ainsi, en anglais, le nom est Grey heron, grey signifiant gris, en allemand, le nom est Graureiher, grau signifiant gris, et en suédois, le nom est Grahäger, gra signifiant gris. En portugais et en espagnol, l'oiseau est qualifié de royal. Ainsi, en espagnol, le nom est Garza real et, en portugais, le nom est Garça-real. Royal ne signifie pas obligatoirement qui se rapporte au roi ou à la majesté. En effet, bien souvent, dans le nom des oiseaux, le terme de royal signifie vrai, réel. La confusion provient de la collision de deux anciens termes, la bas latin realis qui signifie effectif et le vieux français réal qui signifie royal et qui est issu du latin regalis qui signifie du roi. En portugais et en espagnol, le Héron royal signifie donc surtout le héron véritable, le héron vrai, par comparaison avec d'autres espèces de héron. Le portugais le nomme aussi Garça-moura-europeia qui signifie héron maure d'Europe mais dans ce nom moura qui signifie maure doit être compris dans le sens de gris et non dans celui de maure ou sombre. En néerlandais, le nom est Blauwe reiger, blauwe signifiant bleu. En danois, le nom est Fiskehejre ce qui signifie héron pêcheur ou héron des poissons. En catalan, le nom est Bernat pescaire ce qui signifie Bernard le pêcheur. Aux Seychelles, le nom est Floranten sann, sann signifiant cendré tandis que floranten, qui signifie florantin, est un nom énigmatique. C'est peut-être une allusion à un vase nommé décanteur florentin qui est un récipient en verre possédant un long cou, inventé à Florence et servant à la distillation, ou une référence à une île du groupe de Poivre nommée Florence où l'on trouve beaucoup de hérons cendrés.

Au XVIe siècle, en France, l'expression avoir la cuisse héronnière était utilisée pour désigner une personne maigre et longue. En allemand, les hérons sont nommés reiher, et le verbe reihern est un terme vulgaire qui est employé pour vomir ou avoir la diarrhée. En néerlandais, avoir la chiasse se dit schijten als een reiger qui signifie chier comme un héron et qui est une allusion aux fientes blanches et quasi liquides des hérons qui s'étalent sur les berges des rivières ou les sols sous les nids.

- Symbolique et mythologie
Dans la plupart des civilisations, d'un côté positif, le Héron symbolise la vigilance. D'un côté négatif, il symbolise l'indiscrétion et il est alors celui qui voit et ne devrait pas voir.

Le Héron cendré était connu et vénéré en Egypte ancienne. De nombreuses représentations, très ressemblantes et bien reconnaissables grâce à leur aigrette, ont été trouvées dans des peintures et dessins de la période. Ses départs migratoires vers le nord et ses retours au moment des inondations du Nil étaient interprétés comme des morts et renaissances perpétuelles. L'oiseau était associé au culte du Soleil et c'est sans doute lui qui a inspiré aux Anciens la légende du Phénix qui renaît de ses cendres.

Pour les auteurs du Moyen-Âge, le héron est un oiseau qui craint l'orage et s'envole en conséquence au-dessus des nuées menaçantes. C'est l'image de l'élu qui fuit les tentations du siècle au profit des joies célestes. Il en a aussi été fait le symbole du Christ, car il était censé être le chef des passereaux, tout comme le Christ est le guide des humbles. Sa tenue grise, modeste, représente l'acte de pénitence. On le croyait capable de répandre du sang par les yeux, car il passait pour avoir une vie de souffrance, d'anxiété, d'indigence, dont ne le distrayait même pas l'accouplement. C'est ce qui en a fait l'image du Christ au mont des Oliviers.

- Menaces potentielles
Des empoisonnements ou des destructions d’individus aux abords des piscicultures sont devenus rares et localisés. En effet, des études ont fortement relativisé l'impact de la prédation du Héron cendré sur les espèces piscicoles tant au niveau français que mondial. L'exploitation du bois est une menace dans une grande partie de l'aire de répartition de l'espèce, car elle supprime les arbres utilisés par les colonies de nidification ou perturbe les colonies voisines. L'espèce est également sensible à la grippe aviaire et au botulisme aviaire, et peut donc être menacée par de futures épidémies de ces maladies. Au Nigeria, le Héron cendré est chassé et commercialisé sur les marchés de médecine traditionnelle.

L'espèce est vulnérable à Madagascar en raison de son aire de répartition restreinte, des niveaux extrêmement élevés d'altération de l'habitat, dus à l'envasement et au besoin de terres agricoles pour le riz et le pâturage, mais aussi en raison de la chasse et de la prédation dans les colonies de nidification.

- Histoire et effectifs
Sous l'Ancien Régime, et jusque dans les années 1870, le Héron cendré occupe probablement toute la France, où il était considéré comme gibier réservé au roi.

Par la suite, en France, avec le développement de la truiticulture, le Héron cendré est considéré comme nuisible, accusé de prélever tout le poisson dans les plans d'eau. Il est tiré par les chasseurs, piégé par les pisciculteurs et les héronnières sont entièrement détruites. ce qui conduit l'espèce au bord de l’éradication à la fin du XIXe siècle avec seulement une colonie importante réfugiée dans un parc de château dans l'est de la France. Au cours de ce XIXe siècle, l'espèce est également fortement persécutée en Europe, là aussi car accusée de concurrencer les pécheurs et les pisciculteurs.

Pendant la première guerre mondiale, en France, l'espèce profite de l'arrêt de la chasse et de la mobilisation des hommes pour étendre lentement sa répartition, en essaimant à partir du refuge de l’est de la France, mais aussi à plus grande distance à partir de deux colonies devenues célèbres, Clairmarais, dans le Nord, et le Lac de Grand-Lieu, en Loire-Atlantique.

En 1938, en France, seulement 350 couples en France sont répertoriés, répartis dans cinq colonies. L'expansion numérique et géographique de l'espèce a été très lente depuis la première guerre mondiale.

En 1962, en France, 2600 couples sont répertoriés en France, dont la moitié dans la colonie de Grand-Lieu. L'expansion numérique et géographique s'est en effet intensifiée pendant et après la seconde guerre mondiale.

En 1967, en France, 1900 couples sont répertoriés, le terrible hiver qui suivit 1962 ayant fait chuter la population.

En 1968, en France, l'espèce du Héron cendré estt retirée de la liste des nuisibles. La population nicheuse nationale compte alors environ 3000 couples, dont un tiers au lac de Grand Lieu en Loire-Atlantique.

En 1974, en France, le recensement national montre que l'effectif, constitué de 4500 couples répartis en 113 colonies, se trouve encore pour un tiers réfugié dans la seule colonie de Grand-Lieu, en Loire-Atlantique, naturellement protégée par l’inaccessibilité de ses forêts flottantes, mais aussi par la volonté du propriétaire.

En 1975, en France, l'espèce est protégée au niveau national, et les populations ne cesse alors pas d'augmenter jusqu’au début des années 2000. L’expansion de la population nationale de Héron cendré a pour effet de réduire la taille des grandes colonies de reproduction localement. En effet, par le passé, le Héron cendré fuyait l’homme pour installer ses héronnières en période de reproduction, quitte à faire de longues distances pour se nourrir ou à supporter une forte compétition avec ses congénères. Ceci avait pour effet de rassembler de très grands effectifs en de rares lieux favorables.

En 1981, en France, la population est estimée à environ 10 000 couples dans 197 colonies.

En 1985, en France, la population est estimée à 13 600 couples dans 113 colonies.

En 1989, en France, la population est estimée à 19 593 couples dans 448 colonies. La Normandie voit arriver ses premiers individus.

En 1994, en France, la population est estimée à 26 687 couples dans 658 colonies. La région Midi-Pyrénées voit arriver ses premiers individus.

Au cours des années 2000, en France, le nombre d’individus hivernants aurait doublé, tandis que, depuis les années 2000, en France, la croissance de la population nicheuse subit un très net ralentissement, voire une diminution dans plusieurs régions, mais se porte bien.

En 2005, en France, le nombre d'individus hivernants est évalué à 100 000.

En 2007, en France, la population nicheuse est estimée à 31 170 couples.

En 2012, la population européenne est estimée entre 210 000 et 290 000 couples, avec un statut de conservation considéré comme favorable. La plupart des pays européens ont vu leur population croître au cours des dernières décennies, mais peu font l’objet d’un suivi régulier. La plus grosse population se trouve en France, qui représente 16% de la population européenne, puis en Russie avec 14%, en Ukraine avec 11%, en Allemagne avec 7%, et au Royaume-Uni et au Pays-Bas avec 6% chacun. En France, la population s'est atomisée et cette atomisation, désormais mieux répartie en fonction des ressources alimentaires et non plus essentiellement en fonction de la sécurité par rapport à l’Homme, s’est paradoxalement accompagnée d'une diminution de l'effectif des grandes colonies, trop dispendieuses en coût énergétique de vols pour s’alimenter. Ainsi, la population nationale est mieux répartie qu'autrefois sur l’ensemble du territoire et les colonies sont maintenant plus nombreuses mais plus petites. Une grande partie de la France est de nouveau occupée, à l'exception d’une partie du sud et, plus paradoxalement, d’une grande partie de la Normandie pour des raisons hydrographiques. La plupart des populations régionales paraissent avoir atteint leur optimum ou sont en passe d'y arriver (Aquitaine, Bretagne historique, Charente-Maritime, Vendée, Franche-Comté, Picardie, Rhône-Alpes), avec cependant des fluctuations en de nombreux secteurs, et même des baisses assez étonnantes (Auvergne, Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Centre) dues, dans certains cas seulement, à des recensements incomplets. L'espèce progresse encore fortement dans les régions conquises récemment et partiellement (Normandie, Midi-Pyrénées), mais globalement la population nationale tend à se stabiliser.

En 2014-2015, une équipe de recherche chinoise effectue une première en posant une balise GPS sur un Héron cendré migrateur. Cette étude a montré que celui-ci pouvait migrer de jour comme de nuit. L'individu en question a parcouru 2700 kilomètres en 63 jours au printemps 2015.

En 2015, la population mondiale est estimée à environ 790 000 à 3 700 000 individus, ce qui équivaut approximativement à 500 000 à 2 500 000 individus matures. La population européenne est estimée à 223 000 à 391 000 couples, ce qui équivaut à 447 000 à 782 000 individus matures. Les estimations des populations nationales comprennent 100 000 à 1 million de couples reproducteurs et plus de 10 000 individus en migration en Chine, 100 à 10 000 couples reproducteurs et 1 000 à 10 000 individus en hivernage en Corée, 100 000 à 1 million de couples reproducteurs et plus de 10 000 individus en hivernage au Japon, et 100 000 à 1 million de couples reproducteurs et plus de 10 000 individus en migration en Russie. La tendance globale de la population est incertaine, car certaines populations diminuent, tandis que d'autres sont stables, en augmentation ou ont des tendances inconnues.

En 2019, l'espèce est classée en Préoccupation mineure par l'UICN.


STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE

Héron cendré, Statuts. Inventaire National du Patrimoine Naturel. Article internet.
Ardea cinerea. IUCN Red List. Article internet.
La liste rouge mondiale... IUCN Comité Français. Article internet.


SOURCES

Héron cendré. Inventaire National du Patrimoine Naturel. Site internet.
Héron cendré. LPO. Article internet.
Héron cendré. Oiseaux.net. Article internet.
Pierre Cabard. L'étymologie des noms d'oiseaux. Delachaux et Niestlé, 2022.
Henriette Walter, Pierre Avenas. La mystérieuse histoire du nom des oiseaux. Robert Laffont, 2003.

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