Château de Mauléon-Licharre

CHÂTEAU DE MAULÉON-LICHARRE
215m

11 décembre 2022

INFOS

Le château est situé sur un site qui domine largement la vallée traversée par la rivière nommée le Saison, ce qui en fait une position stratégique idéale (ML, IKS). L'enceinte actuelle du château respecte le tracé du XVe siècle. Il est entouré par un fossé herbeux et l'entrée s'effectue par un pont à trois arches qui mène à une porte décorée d'un gros écusson en épannelage préparé pour recevoir les armes du roi de France, peut-être Louis XVIII ou Charles X. Il est doté de 3 tours, aux angles nord-ouest, sud-ouest, et nord-est. A l'angle sud-est se trouvent des corbeaux sur les murs et des traces d'escalier voûté, ce qui permet d'imaginer la présence d'un sous-sol formant des casemates à étages. Les parties basses des tours et des courtines sont en pierre appareillée et sont surélevées avec du moellon appareillé (BM).

A l'intérieur du château, le corps de logis actuel est établi derrière la porte et une des tours d'angle. Dans la tour d'angle, un sous-sol voûté prend accès sur la cour par un reste de maçonnerie (BM).

HISTOIRE

-3000 à -2500
Entre -3000 et -2500, des outils de pierre sont laissés sur l'emplacement du futur château de Mauléon-Licharre, peut-être par des bergers trouvant là un abri (IKC).

600 à 700
Peut-être entre 600 et 700, le site du futur château de Mauléon-Licharre, ou à proximité, se trouve certainement une implantation commerciale. 5 pièces de rois wisigoths d'Espagne sont laissées sur le site (IKC).

1000 à 1100
En 1023, la vicomté de Soule apparaît, entre la vicomté du Béarn et le Labourd. Guillaume Fort, ou Guillen Azkar en basque, est ainsi investit vicomte de Soule par Sanche VI Guillaume, duc et comte de Gascogne. A cette même époque, ou plus tard, Guillaume Fort, seigneur bigourdan et déjà vicomte de Lavedan, construit probablement un château, en bois, peut-être sur le site du futur château de Mauléon-Licharre (IKC). Ce château contrôle une traversée du gave, et, de là, l'accès à la Soule et à la Navarre. Cette position stratégique suscite la convoitise des princes territoriaux de la région (IKS).
-> voir les infos sur Guillaume-Fort.

En 1058, Raymond-Guillaume I dit Salamace, vicomte de Soule, est délogé du château par le vicomte de Béarn. Mauléon est restitué à Salamace grâce à la médiation de son cousin, Etienne de Lavedan dit de Mauléon, évêque d'Oloron, à condition que la Soule dépende religieusement du diocèse d'Oloron (IKC).
-> voir les infos sur Raymond-Guillaume Salamace.

1100 à 1200
En 1122, Gassion, vicomte de Soule s'engage à servir Alphonse Ier dit le Batailleur, roi de Pampelune, de Navarre et d'Aragon afin de se protéger des attaques du Béarn et de tout autre seigneur aquitain (IKC, ML). Un acte d'Alphonse le Batailleur est donné dans le château, chef-lieu de la vicomté de Soule (MLC). Le château, dit château nouveau dans l'acte, est ainsi un château construit récemment (MLC, IKM). Il a peut-être été édifié à l'emplacement du château antérieur ou déplacer par rapport au premier château vicomtal (MLC).

En 1125 (IKC), Alphonse le Batailleur aide à fortifier le château (IKC, ML).

Au cours du XIIe siècle, après la construction du château, un habitat subordonné à celui-ci, la Haute-Ville actuelle de Mauléon-Licharre, se met en place à quelque distance de l'église paroissiale Saint-Jean de Berraute (MLC).

1200 à 1300
En 1234 et en 1244, les vicomtes de Soule confirment leur alliance avec la Navarre, contre l'Aquitaine, devenue anglaise, en rendant hommage aux rois de Navarre au nom du château de Mauléon (IKC).

En 1252, le château est en pierre, composé d'un donjon et d'au moins deux barbacanes, dont l'une vers la ville. Suite à une révolte de Béarnais, Landais et Navarrais contre le Labourd anglais à laquelle il participa, Raymond-Guillaume V, vicomte de Soule, est assiégé dans son château et vaincu. Une barbacane du château cède. Pris par Simon de Montfort, comte de Leicester, Raymond-Guillaume V n'est libéré que contre promesse de versement d'une rançon de 10.000 sols morlans (IKC).

En 1255, Raymond-Guillaume V reprend son combat contre le prince héritier Edouard d'Angleterre, duc d'Aquitaine, qui vient de confier le château de Mauléon au seigneur rival de Tardets jusqu'au paiement total de la rançon (IKC).

En 1256, une paix est signée entre Raymond-Guillaume V et Edouard d'Angleterre (IKC). Le vicomte de Soule récupère alors probablement le château de Mauléon.

En 1257, Edouard d'Angleterre, certainement intéressé par la position stratégique du château, provoque de nouveau Raymond-Guillaume V. Ce dernier reprend le combat mais est tué lors d'une bataille. Auger III, fils de Raymond-Guillaume V, est alors assiégé avec sa mère Marquèse dans le château dont il défend le donjon face à Etienne Longue-Epée, sénéchal de Gascogne, qui vient de prendre la ville et une des barbacanes. En octobre, Gaston VII, vicomte de Béarn, vient arbitrer la paix entre eux (IKC).
-> voir les infos de Auger III Malus Leo.

En 1258, le château est sous contrôle béarnais. Auger III reprend les armes et, malgré l'alliance des seigneurs souletins d'Osserain et de Domezain avec Edouard d'Angleterre, il arrive à libérer son territoire (IKC).

En 1261, en novembre, Edourard d'Angleterre assiège à nouveau le château. Auger III n'accepte de céder définitivement la Soule que sous la pression du Pape et en échange de Laharie, Saas, Angoumé et Maransin, des terres landaises (IKC). Le château passe alors aux mains du roi d'Angleterre (MLC) et le chevalier Oger de La Mothe devient le premier capitaine-châtelain au service du rois d'Angleterre (IKC).

Entre 1261 et 1275, Oger de La Mothe fait effectuer des réparations et des fortifications du château (IKC).

En 1287, en août, Vital de Caupenne, capitaine du château, et son neveu Elie reçoivent au château la visite royale de Edouard I d'Angleterre et de la Reine qui y reçoivent la dot pour le mariage de leur fille Aliénor, ou Eléonore, avec le roi Alphonse III d'Aragon. Des travaux d'aménagements intérieurs des bâtiments du château furent effectués au préalable par des maçons et des charpentiers-couvreurs venus d'Oloron et sous la direction de William, ou Gilles, de Felton (IKC).

En 1289, le château est mentionné en tant que Castrum Mali Leonis dans les Rôles gascons, des documents d'archive de l'administration anglaise (IKC).

En 1295, Auger III profite de la reprise de la guerre entre le roi de France Philippe IV le Bel et le roi d'Angleterre Edouard I pour reconquérir le château. En effet, Auger III, après son éviction en 1261, était parti au service du roi de Navarre et Philippe IV était aussi devenu roi de Navarre par son mariage avec l'héritière du royaume (IKC).

1300 à 1400
En 1307, en juillet, suite à la paix franco-anglaise de 1303 qui a rendu l'Aquitaine aux Anglais, Auger III est obligé d'obéir à Louis le Hutin, roi de Navarre et fils héritier du roi de France, en restituant le château à un capitaine-châtelain au service du roi d'Angleterre, en échange de la seigneurie navarraise de Rada (IKC).

Au XIVe siècle (MLC), ou à la fin du XIVe siècle (ML), les habitants de la bastide subordonnée au château, la Haute-Ville actuelle de Mauléon-Licharre, se plaignent que l'église paroissiale de Saint-Jean-de-Berraute est trop éloignée du bourg et obtiennent l'autorisation de construire un second lieu de culte, au cœur de la bastide. Celui-ci est édifié et le castrum du château se dote ainsi d'une chapelle (MLC, ML).

En 1319, le capitaine Odon de Miossens fait réparer et augmenter le château et le moulin du roi d'Angleterre (IKC).

Entre 1335 et 1337, Raymond de Miossens, capitaine du château mais aussi maire de Bordeaux, fait ériger une palissade précédée de fossés autour du château et du bourg (IKC).

En 1339, le roi de France promet le château au vicomte de Béarn à condition qu'il en fasse la conquête sur les Anglais (IKC).

En 1358, en avril, Raymond-Guillaume de Caupenne, capitaine du château et qui détient le pouvoir de police et justice, fait arrêter et emprisonner dans le château le seigneur Arnaud-Guillaume d'Olhaïby pour le punir d'avoir mené une révolte des Souletins contre le droit d'albergade imposé par le roi d'Angleterre qui fit vite écraser cette jacquerie (IKC).

En 1375, lors de la guerre de Cent-Ans et alors que des bandes de castillans profitent de la guerre pour piller la région bayonnaise, Mauléon préfère se tourner vers la protection du vicomte béarnais Gaston III Fébus et contraint son capitaine-châtelain Caupenne à venir demander à Orthez la protection d'une garnison béarnaise contre un versement de 4.000 F d'or. Mais les Souletins n'ayant versé que la moitié de la somme, la délégation de bourgeois mauléonais, avec son capitaine-châtelain, est emprisonnée à Orthez par le vicomte de Béarn jusqu'au paiement total de la somme (IKC).

En 1376, le château est mentionné comme fabrique de canons pour Morlaàs, en Béarn. Ceci fait peut-être suite à la dette des Souletins et à l'emprisonnement de la délégation de bourgeois mauléonais et du capitaine-châtelain l'année précédente, par le vicomte de Béarn, à Orthez (IKC).

1400 à 1500
Avant 1447, Louis de Beaumont, capitaine du château, fait construire une tour supplémentaire (IKC).

En 1449, entre juillet et septembre, Gaston IV de Foix, vicomte de Béarn, assiège le château (BM, IKC, IKS). Louis de Beaumont attend des renforts de Jean II, roi d'Aragon et de Navarre, qui préfère que le château, voisin de ses terres, reste aux mains des Anglais, lointains, et de son connétable Louis de Beaumont plutôt qu'aux mains des Français et des Béarnais, trop proches. Mais Gaston IV de Foix, gendre de Jean II, parlemente avec son beau-père et lui promet de ne prendre que le château pour la France, sans aller plus loin. Rassuré, Jean II repart avec ses renforts et Louis de Beaumont, ayant perdu ses appuis, se rend (IKC). Au cours de la reconquête, le château est saccagé et incendié (ML) et, selon la promesse du roi de France faite en 1339, il devient la propriété du vicomte de Béarn (IKC).

1500 à 1600
En 1512 (IKS), la Soule, la région où se situe le château, est rattachée définitivement à la couronne de France (IKS,MLC).

Dans la première moitié du XVIe siècle, des tours d'artillerie et un fort bastion doté de canonnières sont construits et permettent d'adapter l'architecture du château à l'évolution de la poliorcétique, c'est-à-dire l'art d'assiéger (MLC).

Au cours du XVIe siècle, le château souffre des guerres de religion (ML).

1600 à 1700
Au XVIIe siècle, le château n'entre plus dans le dispositif des forteresses royales (MLC).

En 1642, le château est en grande partie démantelé (MLC, BM, IKC), sous ordre de Louis XIII (BM, ML).

En 1648 (ML, IKC), le château est partiellement reconstruit (ML, MLC, IKC).

1800 à 1900
Au XIXème siècle, le château sert de garnison militaire et de prison (ML).

En 1896, 6 pièces de rois wisigoths d'Espagne, frappées entre 631 et 636, sont découverts sur le site du château (IKC).

1900 à 2000
Le 13 août 1910, la municipalité Heugas obtient la cession gratuite du château et entreprend la réfection du toit (ML).

En 1925, le château est inscrit aux Monuments historiques (BM, ML).

Vers 1938-1940, l'archéologue Pierre Boucher trouve sur un terre-plein du château des outils de pierre datés entre -3000 et -2500 (IKC).

En 2008, un état des connaissances du château est réalisé par Anne Berdoy, en préalable à la perspective de travaux de sécurisation et de mise en valeur du château (MLC).

Entre 2011 et 2013, des travaux de sécurisation et de mise en valeur du château sont effectués. Dans une première phase de réhabilitation, les parapets et des façades extérieures ouest et des courtines sont restaurés, les parties hautes des maçonneries intérieures sont réparées, les garde-corps sont mis aux normes, le chemin de ronde est sécurisé, la modification de l'escalier intérieur est modifié, le mât porte-drapeau est remplacé et la galerie sous le porche est dégagée et remise en état. Les travaux de cette première phase, dont le coût s'élève à 434.176 euros TTC, sont réalisés par l'entreprise Etxe Berri pour la maçonnerie et l'entreprise Laborie pour la serrurerie. La deuxième phase de réhabilitation concerne l'amélioration de l'accessibilité extérieure et la réparation du parapet et des parements des élévations du pont. (RP).

TOPONYMIE

Mauléon-Licharre est le nom de la ville où se situe le château. Elle est née de la réunion en 1841 des villages de Mauléon et de Licharre (ML, IKS). Mauléon viendrait du latin malus qui signifie mauvais et du latin leo qui signifie lion. Mauléon serait ainsi le mauvais lion, dans le sens du lion redoutable. Cette étymologie proviendrait de Auger III, seigneur très belliqueux et que l'on aurait surnommé Malus Leo. Cependant, cette explication pourrait être légendaire et fausse (IKM). Licharre viendrait du basque licharre qui signifie frêne. Cette toponymie rappelle la présence en ce lieu de forêts de frêne (ML).