Aigle royal
LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)
L'Aigle royal règne sur un royaume dont la superficie moyenne est de 50 à 150km². Avec son envergure allant jusqu'à 2m30, il en impose, et ses sujets le révèrent, notamment le Grand Duc et le Petit Duc qui, quand ils le croisent, multiplient les courbettes. Notons, au passage, que lorsque l'Aigle royal croise un Manchot empereur, c'est l'aigle qui fait les courbettes. Cependant, la situation est assez rare.
L'Aigle royal est parfois confondu avec le Royal canin. Mais il faut voir très flou. En effet, le Royal canin se nourrit de croquettes alors que l'Aigle royal se nourrit de grosses bêtes. Les randonneuses qui ont tendance à l'embonpoint et à la connerie doivent donc se méfier quand elles se baladent. De plus, le Royal canin est un berger allemand, alors que, suite à des expériences scientifiques très poussées, il a été démontré que l'Aigle royal ne comprend rien au teuton. Ni au breton d'ailleurs, mais cela n'a aucun rapport dans notre démonstration.
Au printemps, la reine met au monde les héritiers du roi. Par poignées de deux ou trois, voire quatre. Cependant, en général, l'aîné, qui a déjà des ambitions, jette par dessus bord ses cadets, ce qui facilite les problèmes de succession. L'Aigle royal a donc un côté très pratique dès son jeune âge.
Depuis 1793, l'Aigle royal se reconnaît à ce qu'il vole la tête sous le bras. Auparavant, l'identification de l'oiseau était plus complexe. Merci Charles-Henri Sanson.
LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)
- Noms
Aigle royal (français), Golden Eagle (anglais), Steinadler (allemand), Aguila real (espagnol), Aquila reale (italien).
- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Aves/Oiseaux (Classe), Accipitriformes (Ordre), Accipitridae/Accipitridés (Famille), Aquila (Genre), chrysaetos (Espèce).
Linnaeus, 1758 (Descripteur).
- Répartition
L'Aigle royal est une espèce holarctique qui est présente sur tous les continents de l'hémisphère nord. Cette répartition va de l'Océan Arctique, au nord, jusqu'aux milieux désertiques, avec le Mexique, le Sahara et la Péninsule arabique, ou montagneux, avec l'Himalaya et le centre de la Chine, au sud. L'espèce est divisée en 5 à 6 sous-espèces reconnues, présentant de légères variations de taille ou de coloration.
L'Aigle royal est sédentaire dans la majorité de son aire de répartition. Les populations nord-américaines de l'Alaska et du Canada, et les populations nordiques de Scandinavie sont migratrices. Celles d'Amérique du Nord passent la mauvaise saison dans l'ouest des États-Unis et le nord du Mexique.
En Europe, l'Aigle royal est présent sur toute la zone mais il est confiné surtout aux reliefs de moyenne et de haute altitude, excepté en Russie, les Pays Baltes et la Scandinavie, où il occupe les forêts de plaine.
En France, l'Aigle royal est exclusivement montagnard et se cantonne aux massifs situés au sud d'une ligne reliant Biarritz à Annecy. Il se trouve ainsi sur l'ensemble de l'axe pyrénéen et languedocien, qui représente la marge septentrionale de la vaste population ibérique, dans le centre et le sud du Massif Central, en Corse et dans tout le massif alpin, sur une ligne allant de la Méditerranée au Jura. De rares individus juvéniles et immatures sont parfois observés en hivernage dans des zones humides, comme la Camargue.
- Habitat
L'Aigle royal, qui vit le plus souvent en couple uni pour la vie, recherche préférentiellement les parois rocheuses inaccessibles et dominantes pour la nidification, avec un territoire comportant des espaces ouverts pour la chasse. Les couples évitent les forêts et les paysages forestiers trop denses car peu favorables à la chasse, ainsi que les zones trop densément peuplées, les milieux agricoles intensifs, les steppes et les prairies arides. Ils peuvent nicher dans un arbre si les falaises font défaut, comme cela est constaté dans les pays nordiques, voire en zone méditerranéenne, là où les densités en proies sont élevées. Les aires sont dans ce cas construites sur une ou plusieurs branches latérales et non pas à la cime. Des nidifications au sol ont aussi été observées. En général, les nids sont le plus souvent situés à une altitude inférieure aux zones de chasse afin de pouvoir ramener, par un trajet descendant et planant, les grosses proies.
Le nid est fait de branchages, certains de forte taille, et garni d'éléments verts. Il peut mesurer jusqu'à 2 m en largeur et plusieurs mètres en hauteur avec l'accumulation de branchages nouveaux au fil des ans. Le couple possède généralement plusieurs nids, jusqu'à 5, qu'il occupe en alternance en fonction des circonstances.
L'Aigle royal chasse dans tous les milieux ouverts à semi-ouverts, tels les landes, les alpages et les clairières, ainsi que les peuplements forestiers clairs. En hivernage ou en erratisme, les jeunes peuvent aussi fréquenter des zones humides comme les marécages. Le terrain de chasse est occupé et défendu toute l'année et peut l'être par plusieurs générations successives, ou lorsque l'un des individus disparaît et se fait remplacer.
Les couples sont fidèles à leur territoire et la taille de ces territoires atteint, en général, une superficie moyenne comprise entre 50 et 150km². Cependant, cette taille est très variable. Par exemple, dans la réserve naturelle du Mont Vallier en Ariège, elle est comprise entre 35 et 75km alors qu'elle peut atteindre 200 à 400km² dans le sud du Massif Central. Cette taille dépend essentiellement de l'abondance des proies et de la densité spécifique.
- Morphologie
L'Aigle royal adulte est un oiseau de 80 à 95cm pour un poids de 2,9 à 6,6kg et une envergure de 190 à 230cm. C'est l'un des plus grands aigles au monde et sa silhouette est similaire à celle de la buse, en plus grande. Massif et bien proportionné, il peut faire illusion quant à sa taille qui peut paraître plus faible qu'elle n'est en réalité. Sa silhouette n'est pas sans rappeler, à distance, celle d'une buse qui aurait de longues ailes. Le dimorphisme sexuel est très prononcé, l'envergure des femelles étant de 10% plus grande que celle des mâles et leur poids entre 40 et 50% plus lourds.
L'Aigle royal adulte possède un plumage brun sombre paraissant assez uniforme à distance. Il a cependant des reflets dorés sur la nuque et sur la tête. Son cou est large et son bec est court et crochu, avec une extrémité sombre et des narines en fente oblique. Les ailes de l'Aigle royal sont longues et larges, à 6 doigts, se rétrécissant à la base. Le bord postérieur des ailes est plus ou moins incurvé en S. Les couvertures moyennes chamois forment sur les ailes deux zones pâles visibles en vol et au posé. Les rémiges et les rectrices possèdent une base claire nettement barrée et une large extrémité sombre, bien visible en vol. La queue est longue et sa longueur équivaut à peu près à la largeur de l'aile. L'Aigle royal possède des tarses nues, se terminant par de puissantes serres et, au posé, sa taille est imposante.
Le juvénile, dont les tarses sont emplumés et quelquefois maculés de blanc, possède un plumage d'un brun plus sombre que l'adulte. De grandes taches blanches sont visibles sous les ailes et le dessous de sa queue est barré de blanc. Il faut entre 5 et 8 ans pour que le juvénile acquière le plumage adulte, années pendant lesquelles les mues successives éclaircissent son plumage et estompent progressivement les taches blanches des ailes et de la queue.
L'Aigle royal peut être confondu avec d'autres grands aigles, mais surtout avec les Aigles ibérique et impérial adultes dans leurs domaines respectifs. Ces derniers s'en distinguent par une silhouette un peu différente, en particulier une queue plus courte et plus arrondie, et surtout par des caractéristiques particulières du plumage, avec une tête plus contrastée avec la face brun-noir et la nuque beige-crème, et des taches blanches en nombre variable mais très visibles au niveau des épaules.
- Cris
L'Aigle royal crie rarement, même pendant la saison de reproduction. Il fait entendre des aboiements aigus, notamment pendant les vols nuptiaux, et des miaulements semblables à ceux de la Buse variable au cours de ces évolutions et comme signal d'avertissement.
Les jeunes s'expriment par des séries de cris plaintifs dissyllabiques qui sont perceptibles à l'aire et en vol durant la période d'émancipation juvénile.
- Vol
L'Aigle royal maîtrise parfaitement le vol plané. En vol plané circulaire, il adopte un attitude typique avec les ailes légèrement relevées, parfois presque planes. En vol plané direct, les bras sont relevés et les mains planes, formant un angle net. L'Aigle royal sait profiter des courants aériens pour s'élever sans effort, passer d'un versant à l'autre d'une montagne, sauter une crête, ou encore monter très haut dans le ciel pour surveiller son territoire. Son vol battu, léger, est ample et puissant, même par vent fort, ce qui conduit souvent à sous-estimer sa taille. Il est capable d'accélérations foudroyantes quand par exemple il fond sur une proie au sol.
Pendant la parade nuptiale, les vols de parade sont spectaculaires. Tout en poussant des cris sonores, les deux oiseaux effectuent des acrobaties et des jeux aériens tels des poursuites, de longs piqués, des vols en festons, c'est-à-dire en suivant une ligne formée d'arcs accolés, des retournements et des accrochages de serres à serres, ou encore des offrandes de proies.
- Régime alimentaire
L'Aigle royal est un rapace puissant capable de s'attaquer à des proies de grande taille telles que des lièvres et des lapins, des jeunes renards, des jeunes isards, des marmottes, des gallinacés dont des lagopèdes et des grands tétras, des corvidés, ou encore des rapaces plus petits tels que des buses. Selon le poids de la proie, l'Aigle royal peut éventuellement la transporter jusqu'à l'aire. Suivant les populations, la part prépondérante du régime peut être constituée de mammifères ou d'oiseaux. L'Aigle royal peut aussi être nécrophage en cas de disette ou par opportunisme.
Le large spectre de prédation de l'Aigle royal autorise sa sédentarité. Ainsi, en cas de pénurie ou d'indisponibilité d'une de ses proies, il peut reporter sa prédation vers d'autres nourritures. Au contraire, les oiseaux nord-américains sont contraints à migrer par la raréfaction ou l'indisponibilité de leurs proies principales comme les rongeurs hibernants.
L'Aigle royal chasse souvent à l'affût du haut d'une paroi. La proie est capturée au sol, parfois en vol, souvent par surprise à l'issue d'un bref piqué.
- Cycle de vie, comportementL'Aigle royal est monogame, mais des trios avec deux femelles ont toutefois été signalés. Les couples sont unis pour la vie, fidèles à leur territoire, et marquent fortement ce territoire par des vols caractéristiques. Cependant, l'Aigle royal est peu combatif et il se limite à de simples manœuvres d'intimidations, voire à de rares poursuites. Il arrive toutefois que de véritables combats éclatent lorsqu'un oiseau étranger pénètre sur un territoire de nidification. Seuls les environs du nid sont réellement défendus.
Au début de novembre, l'Aigle royal débute sa saison de reproduction avec l'aménagement du nid. Les vols territoriaux et nuptiaux sont alors plus fréquents. L'Aigle royal est monogame et les couples sont unis pour la vie, mais des trios avec deux femelles ont toutefois été signalés.
Peu après, de décembre à mars, se déroule la période des parades.
Les premiers accouplements, en janvier, marquent le début de la reproduction proprement dite.
Entre le début mars et le début avril, la femelle pond 2 à 3 œufs, parfois 4, blanchâtres tachetés de brun, à 3 à 4 jours d'intervalle entre le début de mars et le début d'avril. L'incubation dure 43 à 45 jours et la femelle incube seule la nuit et à 85% du temps le jour. Elle est alors nourrit par le mâle. Les poussins naissent surtout durant la deuxième quinzaine d'avril et restent au nid de 65 à 80 jours. Les nichées engendrant deux jeunes viables restent exceptionnelles. Un seul jeune parvient généralement à l'envol, le phénomène de caïnisme, c'est-à-dire que le second jeune est éliminé par le premier, étant très fréquent. Des nichées de quatre jeunes ont toutefois été observées, notamment en Espagne. Cependant, la nidification n'est pas toujours couronnée de succès et plusieurs années peuvent se passer pour un couple avant qu'un jeune ne s'envole.
Après l'envol, les jeunes séjournent longuement sur le territoire des parents jusqu'au mois de décembre, parfois février. Par la suite, ils errent à la périphérie des domaines d'adultes territoriaux jusqu'à trouver un partenaire et un territoire vacant. Dans une population en bon état de conservation et où les sites de nidification sont saturés, il y a entre 20 et 30% d'aigles non appariés et non fixés à un territoire. Les pertes d'oiseaux appariés sont donc vite remplacées. Seul un quart des jeunes à l'envol parvient à l'âge de la maturité sexuelle qui intervient vers 4 à 5 ans.
La période de mue a lieu, pour l'essentiel, du printemps au début de l'automne.
L'Aigle royal a une longévité évaluée à 25 ans, avec une longévité observée d'environ 32 ans, pouvant aller jusqu'à 50 ans en captivité. Cette longue espérance de vie permet aux populations stables de compenser la faible productivité de la reproduction.
- Étymologie
Aigle vient du latin aquila qui signifie aigle. Royal ne signifie pas obligatoirement qui se rapporte au roi ou à la majesté. En effet, bien souvent, dans le nom des oiseaux, le terme de royal signifie vrai, réel. La confusion provient de la collision de deux anciens termes, la bas latin realis qui signifie effectif et le vieux français réal qui signifie royal et qui est issu du latin regalis qui signifie du roi. L'Aigle royal signifie donc surtout l'aigle véritable, l'aigle vrai, par comparaison avec d'autres rapaces. Buffon l'appelait Grand aigle et c'est Belon qui a donné en français ce nom d'Aigle royal.
Chrysaetos vient du grec chrusos qui signifie or et du grec aetos qui signifie aigle. C'est donc l'aigle doré ou l'aigle d'or, en référence aux plumes dorées de sa tête et de sa nuque. Le grec aetos, awetos vient de la racine indo-européenne aw qui signifie oiseau.
Le latin aquila est à l'origine du nom de l'aigle dans la plupart des langues romanes avec l'italien aquila, l'espagnol aguila et, donc, le français aigle. Le dérivé latin aquilinus qui signifie relatif à l'aigle est à la base de l'adjectif français aquilin qui s'emploie surtout pour qualifier un nez recourbé en bec d'aigle. Le latin aquila est peut-être relié à l'adjectif latin aquilus qui signifie de couleur brune. Le nom du vent aquilon vient du latin aquilo ventus qui désignait un fort vent du nord. Il a peut-être été appelé ainsi en référence au puissant vol de l'aigle, les linguistes actuels étant sceptiques sur cette idée qui a été cependant conservée, faute de mieux.
Le nom anglais Golden eagle rappellent l'idée du nom scientifique Aquila chrysaetos, c'est-à-dire l'aigle doré, en référence à la couleur doré des plumes de la nuque et de l'arrière du cou chez les adultes. Dans les langues germaniques, les noms de l'aigle ont pour la plupart une origine commune reposant sur la racine indo-européenne orn qui signifie aigle. Ainsi, en danois il est nommé orn, en suédois örn, en néerlandais arend et en allemand aar. En allemand, aar est utilisé en poésie alors que l'usage a privilégié le nom adler, composé de edel qui signifie noble et de aar qui signifie donc aigle, ce qui donne le nom aigle noble. En allemand, le nom Steinadler signifie aigle des rochers, en référence à son habitude d'installer ses nids dans les falaises. La même racine indo-européenne orn se retrouve dans les langues slaves avec, par exemple, le russe orël qui signifie aigle, et dans les langues celtiques avec, par exemple, le breton erer qui signifie aigle.
Les deux racines indo-européennes aw et orn forment une étrangeté dans l'évolution des mots. En effet, aw qui signifie oiseau a donné le grec aetos, awetos qui signifie aigle, alors que orn qui signifie aigle a donné le grec ornis qui signifie oiseau. Ceci pourrait s'expliquer parce que l'aigle a peut-être été considéré comme l'oiseau par excellence ou bien parce que le nom de l'aigle a peut-être fait l'objet d'un tabou. Il se pourrait que ce soit par crainte, ou par respect, qu'on a préféré l'appeler oiseau en grec, plutôt que de prononcer son vrai nom indo-européen. Ce phénomène de tabou linguistique n'est pas rare dans l'appellation des animaux. Ainsi, par exemple, le nom d'origine indo-européenne de l'ours, qui est nommé akros en grec, ne s'est maintenu ni dans les langues germaniques, ni dans les langues slaves.
- Mythologie, symboles, emblèmes
La symbolique de l'aigle est évidente, il est le roi des oiseaux. C'est l'oiseau de Zeus, le dieu suprême. Il est à la fois céleste et solaire et c'est le seul être vivant censé pouvoir regarder le Soleil en face sans être ébloui. Et il est dit que si un de ses petits clignait des yeux face au Soleil, il le jetait hors du nid. On ajoutait au Moyen Âge que cet aiglon était recueilli par la Foulque qui l'élevait. La Foulque passait ainsi comme l'image du Christ sauveur. Les auteurs du Moyen Âge arrivaient aussi à faire de l'aigle un symbole du Christ. Il peut voler si haut qu'il s'enflamme à la chaleur du Soleil, reprenant l'image de l'ascension du Sauveur. Il plonge alors dans une source miraculeuse dont il sort rajeuni, vivante image du Christ incarné ou symbole de l'homme qui ne peut voir clair qu'en se rapprochant de Dieu. L'aigle symbolise ainsi l'ascension et la transcendance.
Avec le bœuf, le lion et l'homme, l'aigle fait partie du Tétramophe, c'est-à-dire les quatre figures des visions bibliques symbolisant l'universalité de la divinité. A ce titre, il est aussi la représentation de saint Jean, l'auteur de l'Apocalypse, qui est réputé être l'apôtre qui donne la vision la plus exacte de Dieu. Selon la légende chrétienne, l'apôtre Jean, pour écrire l'Apocalypse, aurait utilisé une plume d'aigle, ou se serait appuyé sur un aigle aux ailes déployées, comme sur un pupitre. C'est de cette légende que vient probablement la forme d'aigle donnée à un lutrin d'église, autrefois appelé aigle. Plus tard, comme s'il avait été assimilé à son lutrin, le grand prédicateur Bossuet fut surnommé l'Aigle de Meaux. L'aigle est représenté dans presque toutes les églises romanes où on le voit aussi, souvent, dévorant un serpent, image du diable. Enfin, dans Ezéchiel, les anges ont quatre ailes et quatre faces, dont une d'aigle. Mais comme tous les grands symboles, l'aigle a aussi un aspect négatif. Il peut être l'aigle cruel, le ravisseur, soit l'image du démon dans la symbolique chrétienne.
Faisant son nid sur des hauteurs inaccessibles, l'aigle symbolise aussi l'ascète qui se retire du monde et de ses tentations. Avec sa vue perçante, il souligne par ailleurs la puissance de Dieu ou du roi, à qui rien n'échappe. Il est aussi le symbole préféré des civilisations de chasseurs nomades et conquérants.
Selon une légende aztèque, le dieu Huitzilopotchtli parla à son grand prêtre Quauhcoatl, dont le nom signifie serpent-aigle, et lui ordonna de construire un temple et une ville là où il verrait un aigle dévorant un serpent. Les Aztèques, alors petite tribu pourchassée par le puissant prince de Colhuacan , se réfugièrent dans une île insalubre du grand lac de Texcoco. C'est là qu'ils virent un aigle perché sur un figuier de Barbarie et tenant un serpent en son bec. Obéissant à leur dieu, ils s'installèrennt et bâtirent un temple de roseaux, qui sera le point de départ de Tenochtitlan, l'actuelle Mexico.
Les Perses avaient adopté l'aigle comme emblème militaire. Par la suite, les Romains en avaient fait autant et Pline précise que le consul romain Marius avait finalement, au IIe siècle avant J.C., imposé l'unique emblème de l'aigle en tête des légions romaines, alors que cet oiseau était auparavant accompagné du loup, du cheval, du sanglier et même du minotaure.
L'héraldique a fait un large usage de l'aigle. Dans les armoiries européennes, il est l'animal qui vient en seconde position, tout juste après le lion. En héraldique et en français, le nom de l'aigle est un féminin et c'est, par exemple, une aigle à deux têtes qui est l'emblème du Saint Empire romain germanique. L'aigle bicéphale, emblème de pouvoir absolu, apparaît sur les armoiries et les drapeaux de bien des pays d'Europe de l'Est, en particulier l'Allemagne, l'Autriche et la Russie. C'est une tradition qui remonte à l'Empire Byzantin et, bien avant, aux Hittites. L'image de l'aigle bicéphale se retrouve aussi dans la mythologie hindoue avec l'oiseau Gandaberunda, aussi nommé Berunda. En ce qui concerne l'aigle allemand, il est bicéphale sous le Saint Empire romain germanique jusqu'en 1806 puis durant quelques décennies encore, avant de devenir monocéphale en 1871 lors de la création de l'Empire allemand, alors sous influence de la mode prussienne. Il reste pourvu d'une tête unique lors de la création de la république de Weimar et les nazis le conservent ainsi, en le dessinant toutefois ailes totalement déployées et dressé sur une croix gammée, avec deux versions, l'une avec la tête à droite pour symboliser l'Etat, l'autre avec la tête à gauche pour être l'emblème du parti.
Au tout début du XIXe siècle, Napoléon Ier avait aussi adopté l'aigle comme emblème militaire et symbole de son empire, à côté des abeilles laborieuses. Le fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise d'Autriche, roi de Rome à sa naissance, empereur Napoléon II pendant deux semaines seulement, puis duc de Reichstadt à l'âge de sept ans, est plus connu aujourd'hui sous son surnom, l'Aiglon. C'est Victor Hugo qui, dans ses poèmes, a popularisé ce surnom, retenu plus tard par Edmond Rostand dans le titre de sa pièce, L'Aiglon, jouée en 1900.
- Effectifs
Pendant environ deux siècles, de 1750 à 1950, l'Aigle royal est chassé de façon intensive dans toute l'Europe, ce qui entraîne son déclin général. Jusqu'au XIXe siècle, en France, il niche encore en forêt de Fontainebleau et en Champagne. Partout persécuté, tiré et empoisonné, il trouve ses derniers refuges dans les massifs montagneux des Alpes, des Pyrénées et du Massif Central.
Entre 1950 et 1960, un changement d'opinion commence à se dessiner à la suite des conséquences catastrophiques de l'emploi des pesticides sur les populations de rapaces diurnes. L'interdiction de l’usage du DDT et la protection totale de l'Aigle royal dans de nombreux pays européens, permettent progressivement d'inverser la tendance.
De la fin des années 1960 à la fin des années 1990, les effectifs se développent à nouveau.
En 2001, la population mondiale est estimée entre 50 000 et 100 000 couples nicheurs.
En 2004, en Europe, la population nicheuse est estimée dans une fourchette de 8 400 à 11 000 couples. Son statut de conservation est considéré comme « défavorable ». Les populations semblent stables, voire en légère augmentation localement. Des incertitudes subsistent cependant sur le statut de certaines populations baltes, balkaniques, voire scandinaves, avec des déclins locaux probables. Au cours de la même année, l'Aigle royal est en cours de réintroduction en Irlande et l'effectif français fait état de 390 à 450 couples.
En 2021, la liste rouge mondiale, l'IUCN Red List, signale une estimation de 85000 à 160000 individus matures dont une population européenne estimée à 9600 à 12800 couples, soit 19200 à 25600 individus matures, soit environ 16% de la population mondiale. L'espèce est considérée comme stable sur les 40 dernières années en Amérique du Nord, tandis que la population européenne est estimée en augmentation. Cependant, la population européenne constituant une petite proportion de la population globale, l'espèce est considérée comme stable au niveau mondial.
STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE
Aigle royal, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)Aquila chrysaetos (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)
SOURCES
Aigle royal (Inventaire National du Patrimoine Naturel)Aigle royal (Oiseaux.net)
La mystérieuse histoire du nom des oiseaux (Henriette Walter, Pierre Avenas / Robert Laffont)
L'étymologie des noms d'oiseaux (Pierre Cabard / Delachaux et Niestlé)
Aigle royal (Parc national des Pyrénées)
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