Pie bavarde
LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)
Alors que la télé est passée à la couleur en 1967, la Pie bavarde a préféré rester au noir et blanc. Il est donc possible d'en conclure que l'oiseau est un tantinet réactionnaire. La Pie se décompose en plusieurs sous-espèces dont l'une, facilement identifiable, vit dans les karaokés des campings, torse nu, en tongs, en chaussettes et en short. C'est la Pie qui chante.
Avec ses 60cm et ses 240g, la Pie est un fort bel oiseau que l'on rencontre un peu partout en Europe et en Asie, des îles de sa majesté la reine des puddings jusqu'au Kamtchatka, un pays fort fort loin, situé ici et là un peu à droite du Nuntchatku, le pays des nains Jah, c'est à dire le pays des nains rastafaris. A ne pas confondre avec les nains Kah qui vivent dans les Andes. Mais ceci nous éloigne pas mal de la Pie. Revenons donc à elle. La Pie est un oiseau qui vit en couple. Lorsqu'ils se rencontrent, les Pies s'aiment d'un amour sincère et se jurent fidélité, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort les sépare. Il y a finalement peu de divorces. La mort arrive relativement vite.
La Pie est bavarde. Mais on ne comprend rien à ce qu'elle dit.
LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)
- Noms
Pie bavarde (français), Eurasian magpie (anglais), Elster (allemand), Urraca comun (espagnol), Gazza(italien).
- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Aves/Oiseaux (Classe), Passeriformes/Passereaux (Ordre), Corvidae/Corneilles (Famille), Pica (Genre), pica (Espèce).
Linnaeus, 1758 (Descripteur).
- Répartition
La Pie bavarde, qui appartient à la famille des corvidés, est répandue à travers l'Europe et l'Asie, des îles Britanniques au Pacifique mais est absente des immensités de la toundra et de la taïga russes avec cependant une petite population isolée au Kamtchatka et aux environs. Elle est également présente au Maghreb, mais totalement absente de l'hémisphère Sud et des îles méditerranéennes, à l'exception de la Sicile. En Europe, elle atteint les latitudes les plus élevées du continent, en Norvège et en Russie, où elle est cependant souvent cantonnée à la frange côtière habitée. Exception faite de l'Islande, la Pie bavarde se reproduit dans tous les pays d'Europe.
La Pie bavarde est généralement décomposée en 10 sous-espèces, dont Pica hudsonia, la Pie d'Amérique, Pica pica mauretanica qui vit au Maghreb et Pica pica camtschatica qui vit au Kamtchatka et dans l'Anadyr, dans l'Extrême-Orient russe, la Pie d'Arabie qui est endémique du massif côtier de l'Asir, dans le sud-ouest de l'Arabie mais dont il ne subsistait probablement, en 2016, que moins de 500 individus, et la Pie à bec jaune qui vit en Californie, dans la partie occidentale de la Sierra Nevada et dans la chaîne côtière au sud de San Francisco. En Europe, Pica pica fennorum niche du nord de la Scandinavie jusqu'à l'ouest de la Sibérie, Pica pica pica niche des îles Britanniques à l'Europe centrale et à la Méditerranée, et Pica pica melanotos niche dans la péninsule Ibérique.
En France, l'espèce se reproduit sur la totalité du territoire métropolitain. Pica pica pica est répandue et souvent abondante, le plus souvent en dessous de 1500m d'altitude, mais est absente dans les régions les plus élevées, dans la quasi-totalité des îles de la façade occidentale, à l'exception de Belle-Île, et en Corse. Pica pica melanotos est présente dans l'extrême sud du Roussillon.
- Habitat
La Pie bavarde, espèce sédentaire, vit dans des lieux où se trouvent des haies, des buissons, des bosquets et des arbres isolés dans des milieux ouverts avec une végétation basse, voire du sol nu. Elle se trouve ainsi dans les parcs, les jardins, la plupart des zones agricoles, près des milieux humides, dans les landes, les dunes ainsi que les lisières des boisements divers. Seules les grandes étendues boisées, les déserts et les centres-villes dépourvus d'espaces verts sont évités comme, en montagne, les milieux trop accidentés.
La Pie bavarde, essentiellement présente en plaine, peut se retrouver en altitude. En France, elle peut être vue jusqu'à 1500m dans le Jura et en Haute-Loire, 2000m dans le Roussillon et 2300m dans les Alpes. Cependant, 53% des sites de reproduction dans ces lieux se situent en dessous de 300m et 2% entre 700 et 1200m. En Suisse, l'oiseau se retrouve jusqu'à 1400m mais elle s'est reproduite à 2000m dans le Valais et 2140m dans les Grisons.
La Pie bavarde construit le plus souvent son nid dans la partie supérieure d'un arbre plutôt jeune, au niveau de la fourche terminale du tronc pour un feuillu, au niveau d'un des derniers verticilles pour un conifère, en moyenne à une dizaine de mètres de hauteur. Lorsqu'il n'a pas le choix, le couple peut opter pour un arbuste ou même pour un buisson, surtout si le site est protégé par des ronces ou des broussailles denses. Le nid, qui n'est utilisé qu'une seule fois pour la reproduction, le couple reconstruisant généralement un nouveau nid chaque année, est fait d'une structure de brindilles et de branchettes ligneuses sèches, ramassées au sol et tenues par de la boue. La coupe, profonde, est tapissée de radicelles et un dôme protecteur, fait de branchettes volontiers épineuses et serrées, coiffe le tout. Les oiseaux accèdent au nid par un orifice latéral aménagé dans le dôme.
Les territoires des couples de Pie bavarde n'est pas très étendue, avec généralement moins de 10 ha. La répartition des nids dans l'espace varie beaucoup selon la disponibilité des sites. Lorsque ceux-ci sont rares, les territoires peuvent être séparés les uns des autres par de vastes espaces alors que si les sites sont nombreux et la nourriture abondante, ils peuvent se toucher.
La Pie bavarde a tendance à nicher à proximité des maisons. Un des avantages serait que les corneilles, l'un des plus important prédateur des nichées de pies, évitent de trop s'approcher des habitations. Un autre avantage serait l'abondance des déchets ménagers et de la nourriture pour animaux que la Pie bavarde peut trouver dans ces zones.
- Comportement territorial
La Pie bavarde montre sa propriété en se se perchant le plus haut possible, mais aussi en marchant le long des limites, ce qui peut faire parfois croire que l'on observe un couple alors que ce sont 2 propriétaires voisins qui montrent la limite à ne pas franchir. L'oiseau passe ainsi 10% de son temps à cette activité, plus ou moins selon le degré de convoitise que suscite le territoire aux autres oiseaux.
- Morphologie
Pour une longueur de 45 à 60cm et une envergure de 56 à 61cm, la Pie bavarde adulte peut peser de 145 à 240g. Le mâle est plus grand que la femelle. C'est un oiseau dont la tête, la poitrine, le dos et le bas-ventre sont noirs tandis que l'abdomen, les épaules et le bout des ailes sont d'un blanc pur. Le reste des ailes présente un plumage bleu-vert métallique. La queue, caractéristique, est longue, graduée, avec une bande à reflets violets près de l'extrémité. La Pie bavarde possède un bec puissant noir et des yeux brun foncé. Les pattes et les doigts sont noirs.
La Pie bavarde juvénile ressemble aux adultes avec un plumage plus terne.
- Cycle de vie
La saison de reproduction débute au début du printemps par la construction du nid qui demande au couple 5 à 6 semaines de travail. La femelle y dépose ensuite 5 à 7 œufs gris-vert tachetés de brun. L'incubation, assurée par la femelle, dure 16 à 22 jours. Le mâle la nourrit pendant cette période et, après l'éclosion, les deux adultes assureront l'alimentation des jeunes. Le mâle veille en plus à la protection de la nichée, n'hésitant pas à poursuivre au vol tout prédateur trop curieux. Les jeunes quittent le nid à l'âge de 22 à 29 jours. Le couple effectue 1 à 2 couvées par an.
Les jeunes pies passent les 2 premiers mois après leur envol sur le territoire parental, au sein de groupes familiaux. Ensuite, ces individus non nicheurs, auxquels il faut rajouter quelques individus de l'année précédente et n'occupant pas de territoire, forment des bandes plus ou moins lâches. Certaines de ces pies passent alors une grande partie de leur première année dans le territoire où elles sont nées, tandis que d'autres s'en éloignent, rarement à plus d'1 km, et n'y reviennent jamais, les jeunes d'un même nid ne se séparant guère. Ces rassemblements de pies permettent la constitution de nouveaux couples qui sont ensuite unis pour la vie et restent ensemble tout au long de l'année. Enfin, certains individus ne se joignent pas aux groupes et restent solitaires.
Dans une étude effectuée sur 10 ans à Sheffield, au nord de l'Angleterre, 94% des jeunes pies restées sur leur territoire natal survivent à la première année, alors que c'est seulement 67% de ceux qui se sont éloignés. Encore 1 an plus tard, c'est 40% des pies restées sur leur territoire natal qui survivent, contre 29% de ceux qui sont partis. La Pie bavarde peut vivre jusqu'à 15 ans environ.
- Intelligence
La Pie bavarde fait partie des oiseaux qui peuvent cacher leur nourriture afin de la consommer plus tard. Or ce comportement nécessite une certaine intelligence car il ne s'agit pas que de la cacher, mais surtout de la retrouver. Pour cela, l'oiseau utilise différents types d'information selon la nourriture qu'il a cachée. Retrouver une denrée rapidement périssable cachée quelques heures plus tôt met en jeu des compétences différentes de celles employées pour retrouver des graines cachées des mois auparavant. Cacher la nourriture nécessite aussi une certaine gestion pour qu'aucun autre individu ne trouve la cachette.
Des observations qui pourraient montrer une certaine intelligence de la Pie bavarde a été réalisé sur le terrain. Ainsi, l'observateur, René-Pierre Bille, raconte qu'un couple de Pie bavarde l'a attiré vers un Aigle royal en train de se baigner ce qui a fait fuir le rapace, considéré comme un prédateur potentiel. Dans la même idée, un autre observateur, George Olioso, signale qu'une Pie bavarde semble l'avoir attiré hors de chez lui alors qu'un enfant était entrain de grimper l'arbre où se trouvait le nid du couple.
Une expérience effectuée par des chercheurs a permis de mettre en évidence que certaines pies avaient la capacité de se reconnaître en tant qu'individu comme cela a été démontré chez les grands singes. En effet, après différents tests de mise en présence d'un miroir, certaines des pies, qui avaient une tache de peinture sous le bec, de sorte que celle-ci ne pouvait être vue que dans un miroir, ont essayé de s'enlever la tache en se regardant dans ce miroir.
- Régime alimentaire
La Pie bavarde se nourrit principalement d'insectes, et particulièrement de coléoptères, les vertébrés, comme des lézards ou des poussins mais aussi des œufs, ne représentant qu'une toute petite partie de son alimentation. Lorsqu'elles sont disponibles, l'oiseau consomme également des céréales. La consommation de végétaux apparaît minime, même si elle peut être spectaculaire en certaines occasions, par exemple dans des vergers de cerisiers.
- Étymologie
Le nom de la pie vient du latin pica, qui a donné le nom scientifique de l'espèce, Pica pica, et qui est le féminin de picus, lui-même à l'origine du nom d'un autre oiseau, le pic. Ces deux noms sont probablement d'origine onomatopéique.
En anglais, le mot pie a été emprunté au français au Moyen Âge pour désigner cet oiseau mais l'usage a très vite privilégié le nom magpie, en y adjoignant Mag, qui est le diminutif de Marguerite. Ce rapport entre un prénom féminin et la pie se retrouve en français où elle était surnommée Jaquette, et le geai appelé Jaque, d'où l'ancien verbe jaqueter qui signifie crier, bavarder, aujourd'hui réservé à un usage familier et souvent écrit jacter.
- Histoire et effectifs
Au cours du Pliocène, entre -5,3 et -2,5 millions d'années, une sous-espèce, Pica pica major, aujourd'hui disparue, vit dans l'actuelle Belgique et dans l'actuelle Azerbaïdjan, des fossiles ayant été retrouvés dans des couches de cette période et dans ces zones.
Au Pléistocène, entre -2,5 millions d'années et -11000 ans, la quasi-totalité des espèces actuelles de corvidés, dont la Pie bavarde, est présente, des fossiles ayant été retrouvés dans des couches de cette période.
Dans les premières années du XXe siècle, à cause des persécutions humaines, partout ou presque en Europe, la population de Pie bavarde est en forte diminution. Par la suite, et jusqu'au milieu des années 1990, l'espèce montre une nette augmentation.
Au cours du XXe siècle, la Pie bavarde vit un exode rural. En effet, au milieu de ce siècle, elle vit presque uniquement dans les milieux agricoles de toutes sortes, la seule condition étant la présence d'arbres pour installer les nids. Mais au fur et à mesure que les villes s'étendent et grignotent les milieux de vie de l'oiseau, celui-ci ne se retire pas et, au contraire, vient peu à peu s'installer dans ce nouvel environnement qui, finalement, lui est plutôt favorable. Aujourd'hui, la Pie bavarde vit dans presque toutes les zones urbanisées, même les plus grandes.
En 1991, l'espèce niche en Corse, probablement suite à une tentative d'introduction mais disparaît ensuite de l'île.
A partir du milieu des années 1990, la population de Pie bavarde, jusque là à la hausse, montre une tendance à la baisse. Ce sont les populations rurales qui en souffrent, les pies urbaines résistant mieux, voire continuant leur développement.
En 2016, malgré la tendance à la baisse de sa population depuis le milieu des années 1990, la Pie bavarde est une espèce abondante. L'estimation mondiale des effectifs, entre 46 et 228 millions d'individus, est la somme des effectifs de Pica pica, la Pie bavarde, et la Pica hudsonia, la Pie d'Amérique, cette dernière étant parfois considérée comme une sous-espèce de Pica pica. En Europe, les effectifs de Pica pica sont estimés entre 7,5 et 19 millions de couples nicheurs, soit entre 22,5 et 57 millions d'individus. En dehors de la Russie, qui compte 1 à 5 millions de couples, les effectifs les plus importants ont été relevés en France, avec 1 à 2 millions de couples, en Roumanie, avec 624000 à 780000 couples, et au Royaume-Uni, avec 590000 couples. En Belgique, l'espèce compte entre 20000 et 100000 couples, en Suisse, entre 20000 et 40000 couples et, en Espagne, entre 220000 et 1,2 millions de couples.
STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE
Pie bavarde, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)Pica pica (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)
SOURCES
Corbeaux et Corneilles (Georges Olioso / Delachaux et Niestlé)Pie bavarde (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Pie bavarde (LPO)
Pie bavarde (Oiseaux.net)
La mystérieuse histoire du nom des oiseaux (Henriette Walter, Pierre Avenas / Robert Laffont)
Merci pour ces explications j'en ai sauvée une le nid étant tomber pendant la tempete
RépondreSupprimerC'est chouette de lire ce genre de commentaire. Merci pour elle. Je trouve ces oiseaux vraiment magnifiques avec leurs belles couleurs.
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