Abbaye de l'Escaladieu

ABBAYE DE L'ESCALADIEU
300m

Bâtiments conventuels, abbatiale

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

Abbaye cistercienne, l'Abbaye de l'Escaladieu est fille de l'Abbaye de Morimond et fut érigée au cours du XIIe siècle. L'abbatiale, qui est le nom utilisé pour désigner l'église d'une abbaye, et les bâtiments de l'aile orientale constituent les principaux vestiges médiévaux de l'édifice.

L'abbatiale
L'église, amputée de sa façade ouest, de son narthex et de sa première travée ainsi que de son chevet, bâtie sur plan bernardin, est sans doute l'une des églises cisterciennes les plus dépouillées. Dépourvue de décors, elle est ainsi caractéristique de la pureté et de la simplicité voulue par les Cisterciens.

Dans la nef, la voûte en berceau brisé du haut vaisseau, construite en pierres de grès jaune, matériau utilisé pour sa légèreté, est scandée par des arcs doubleaux transférant les poussées sur les massifs piliers qui divisent l'espace en 6 travées. Elle est contrebutée perpendiculairement par les voûtes des bas-côtés. Sur les piliers se trouvent des traces d'arrachements dues à l'installation d'une clôture dans les bas-côtés, soit durant l'époque médiévale ou moderne pour des messes basses, soit à la fin du XIXe siècle, lorsque l'abbatiale servait de grange. Dans la dernière travée apparaissent les traces d'un enduit blanc rehaussé de lignes rouges représentant le motif d'un faux appareil de pierre. Cette ornementation avait pour effet de donner l'illusion d'une harmonisation de l'appareillage.

Le mur nord présente des trous de boulin traversants et maçonnés, vestiges d'échafaudages.

Le transept, large de 27 mètres reçoit dans chacun de ses bras deux chapelles de plan rectangulaire.

L'église dispose d'un clocher, construit au XVIIIe siècle mais après 1735, qui s’élève au dessus du bras sud du transept. Il possède une base de plan carré puis un étage dont la typologie octogonale rappelle certaines abbayes normandes rénovées également au XVIIIe siècle. Ce clocher, qui possède une toiture en bulbe d'inspiration d'Europe de l'Est, transgresse la règle cistercienne qui interdit les clochers en pierre et en élévation.

Abbatiale - Bernard Voinchet, Adeline Caraës, L'Escaladieu

Le cloître disparu
Sur la face extérieure du mur nord de l'abbatiale se trouvent 6 traces d'arrachements associés à 6 bases d'anciens piliers conservées au bas du mur et 11 corbeaux. Ce sont des vestiges qui appartiennent au cloître de l'abbaye, construit vers la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle mais aujourd'hui disparu. Le cloître faisait le lien entre tous les bâtiments et il était le lieu de prière, de rencontre et d'étude. Il était composé par 4 galeries qui l'entouraient, les galeries sud et est étant partiellement conservées, la galerie nord ne comportant aujourd'hui que 2 corbeaux et 2 groupes de colonnes jumelées et la galerie ouest ne comportant plus que la partie basse des murs formant le rectangle du bâtiment des convers. Aucune information actuelle ne permet d'affirmer l'aménagement d'un éventuel jardin au centre de ce cloître.

La fontaine-lavabo
Au nord-ouest du cloître disparu se trouve la fontaine-lavabo, dont le décor a été remanié au XVIIIe siècle. Elle était alimenté en eau potable comme la cuisine voisine, aujourd'hui disparue. L'ensemble était regroupé avec un réfectoire, pour des raisons pratiques. Les moines pouvaient se laver les mains et se purifier symboliquement avant de se rendre au repas communautaire.

L'armarium claustri
Au sud-est du cloître disparu se trouve l’armarium claustri. Celui ci était constitué de trois arcatures plein cintre ouvrant sur des niches et était autrefois fermé. En effet, des gonds, des feuillures pour que des portes s’encastrent et des trous correspondant au système de fermeture sont visibles. Des rainures indiquent l’emplacement des étagères. L'armarium claustri était une bibliothèque, le premier lieu de conservation des livres construit à l'Escaladieu. Ses dimensions modestes témoignent de la rareté des livres au XIIe siècle. Il était aménagé en un lieu stratégique, dans le cloître, entre l’église et la salle capitulaire, 3 lieux quotidiens de lecture. Délaissé en tant que bibliothèque, l'armarium claustri eut plus tard une vocation funéraire et des corps y furent inhumés.

Le scriptorium
Au cours du temps, la fonction de bibliothèque de l'armarium claustri fut transférée dans une nouvelle salle, le scriptorium, situé dans l'angle nord-est du monastère. Offrant un espace bien plus grand, ce changement de dimension, probablement au cours du XIIIe ou XIVe siècle, concorda avec le développement du papier qui permit alors de retranscrire de plus nombreux textes. Les moines recopiaient dans ce scriptorium la Bible, les textes religieux ainsi que de nombreux ouvrages scientifiques et littéraires, faisant des monastères des pôles de connaissance.

La salle capitulaire
La salle capitulaire, ou salle du chapitre, possède une façade romane, composée d’une porte en plein-cintre encadrée par deux baies géminées. Les chapiteaux sont pourvus d’ornements simples représentant des feuilles de roseaux, appelés cistels, et qui sont l'emblème de l’ordre cistercien. L’intérieur, datant de la fin du XIIe siècle, est composé de deux travées et demie voûtées sur croisées d'ogives. Le voûtement, réalisé en brique appareillée, est constitué d’ogives quadripartites toriques qui, bien que procédant de nécessités architecturales particulières, paraît être à l'origine d'autres réalisations en Gascogne et chez certaines des 8 filles espagnoles de l'Abbaye de l'Escaladieu. Elles retombent, au centre de la salle, sur quatre colonnes de marbre surmontées de chapiteaux exploitant le registre des feuilles d’eau déjà présent sur les chapiteaux en façade. Un banc de pierre court tout le long des murs de la salle. Ces colonnes de la salle capitulaire sont réalisées en marbre de Campan, carrière exploitée près de Bagnères-de-Bigorre depuis l’époque romaine. Deux des colonnes de la salle du chapitre sont en marbre dit isabelle dont la couleur de fond est rose tendre. Les deux autres sont en Campan rouge dont le fond est rouge sombre veiné d’une teinte encore plus foncé.

Le chauffoir
Le chauffoir est la seule pièce des bâtiments conventuels dans laquelle se situe une cheminée. L’actuelle cheminée qui se situe sur le mur ouest date du XVIIe siècle mais il semblerait que l’emplacement primitif de la cheminée se situait sur le mur nord. Mitoyenne du scriptorium, les moines venaient réchauffer leur encre quand celle-ci devenait trop visqueuse. Aux deux entrées du chauffoir, on trouve la présence de pavements polychromes décorés de motifs géométriques et floraux datant du XIVe siècle. Malgré les préceptes de l’ordre cistercien imposant une grande austérité de vie, les moines se permirent, les siècles passants, quelques écarts à la Règle de Saint-Benoit. Cependant, aucun des décors visibles sur ces pavements ne sont figuratifs et ils restent ainsi dans une certaine sobriété artistique.

L'aile aux moines
L'aile aux moines au nord-est de l'abbaye fut construite au XVIIIe siècle afin de servir d’appartements aux abbés commendataires. Elle comprend, à l’étage, un grand salon carré et une galerie s’ouvrant sur cinq salons, tous généreusement éclairés par de larges baies et des fenêtres œil de bœuf. Des décors en stuc se développent au dessus des cheminées. Loin des préceptes des premiers cisterciens, ces décors empruntent au vocabulaire antiquisant omniprésent dans les décors d’intérieurs du XVIIIe au XIXe et formés de pilastres cannelés surmontés de chapiteaux corinthiens, de Diane chasseresse…

Les jardins
Au sein de l’enceinte de l’Abbaye de l’Escaladieu s’étendaient de vastes jardins. Ils étaient indispensables aux moines afin de pouvoir s’adonner au travail manuel, partie intégrante de l’équilibre de vie cistercien. A l’est des bâtiments se trouvaient plusieurs ateliers, des écuries, un moulin, un jardin potager, un jardin de plantes médicinales ainsi que les vergers de l’abbaye. Ces jardins, vivriers et médicinaux, permettaient à la communauté d’être auto-suffisante et ainsi pouvoir vivre dans une autarcie quasi-complète. Dans la partie nord des jardins se situait le vivier de l’abbaye. Ce dernier permettait aux moines d’élever des poissons, les Cisterciens étant végétariens. L’alimentation du bassin faisait parti du réseau hydraulique dont était dotée l’abbaye. Cette dernière possédait tout un réseau de canalisations et d’égouts.

Hypothèse de l'abbaye au XIIe siècle - Guillaume Clément, L'Escaladieu

Hypothèse de l'abbaye au XVIIIe siècle - Guillaume Clément, L'Escaladieu

Plan actuel de l'abbaye


HISTOIRE

1100 à 1200
Avant 1130, Forton de Vic se fait donner par le comte le terroir de Cabadur dans la Vallée de Campan, au pied du Col du Tourmalet.

Peu avant 1137, Forton de Vic installe une communauté de moines, affiliée à l'Abbaye de Morimond qui est elle-même affiliée à l'Abbaye de Citeaux, dans son terroir de Cabadur.

En 1140, Acenarius, le prieur de Sainte-Christine du Somport, cède à la communauté de Cabadur un vaste terrain au confluent de l'Arros et du Luz.

En 1142, la communauté quitte la montagne et s'installe sur leur nouveau terrain dans la Vallée de l'Arros. Dès les premiers temps, l'Escaladieu bénéficie des largesses des comtes de Bigorre et constitue son patrimoine foncier par le moyen d'achats et d'échanges. Elle dispose à proximité d'un important domaine et d'un réseau d'une quinzaine de granges, formé à la fin du XIIe siècle.

Probablement en 1160, est effectuée la cérémonie de la dédicace de l'église de l'Escaladieu, en présence de plusieurs évêques, dont Vital, évêque d'Aire, Raymond, évêque de Lescar, et Arnaud, évêque de Comminges. L'église fait alors 60m de longueur sur 16m de largeur.

Entre 1165 et 1187 sont probablement construits les bâtiments monastiques.

Dès 1170, l'Escaladieu acquiert des dîmes et bientôt, avec les obits, se multiplient censives, fiefs et rentes. Cette prospérité lui permet d'entreprendre assez tôt la construction du monastère avec son église et différents bâtiments.

Vers la fin du XIIe siècle, ou au début du XIIIe siècle, le cloître de l'abbaye est probablement construit.

1200 à 1400
L'Escaladieu joue un rôle dans l'histoire de politique de la Gascogne pyrénéenne. Elle participe aux évènements et aux bénéfices de la Reconquista et créée plusieurs abbayes filles en France et en Espagne. Ses abbés sont des auxiliaires et des conseillers politiques et spirituels des comtes de Comminges et de Bigorre au XIIe siècle et au XIIIe siècles, et sont actifs lors de la crise de succession que connaît le comté de 1283 à 1292. Il semble que plusieurs comtes et comtesses de Bigorre soient inhumés dans l'abbaye.

En 1251, la comtesse Pétronille de Bigorre, fille de Bernard IV, comte de Comminges, et de Béatrice de Bigorre, et qui s'était retirée dans l'Abbaye de l'Escaladieu écrit un testament selon lequel elle fait un don à la communauté et où elle écrit son souhait d'être enterrée dans l'abbaye. Elle décède peu après, au cours de la même année, mais le doute subsiste quant au lieu de sa sépulture qui se trouve peut-être dans l'Abbaye de l'Escaladieu ou dans le cloître de la Cathédrale de Tarbes.

Entre 1274 et 1328, l'Escaladieu s'associe avec les officiers du roi de France, les chefs des grands lignages régionaux et de plus petits seigneurs pour créer à la place de ses anciennes granges une demi-douzaine de bastides. Ces fondations s'insèrent parfaitement dans le vaste mouvement de création des bastides du sud-ouest de la France. Dans le même temps, l'abbaye commence à concéder landes, bois et montagnes sous-exploités par ses convers aux communautés d'habitants situées à la périphérie de ces territoires. Ce procédé d'inféodation est à l'origine de la propriété collective qui a longtemps conditionné le fonctionnement des communautés rurales de la Bigorre, en plaine comme en montagne.

En 1274, la bastide de Masseube est créée à la suite d'un paréage entre Bonel d'Orieux, abbé de l'Escaladieu et Bernard IV, comte d'Astarac, sur les terres d'une grange dite de Manusylva et d'une paroisse Saint-Christophe qui existaient déjà à cet endroit. Cette terre pourrait avoir été à l'origine une propriété de la petite abbaye voisine de Sère, cédée contre une modeste redevance aux cisterciens.

En 1285, la bastide de Réjaumont est créée à la suite d'un paréage entre Bonel d'Orieux, abbé de l'Escaladieu et Jean de Longpérier, lieutenant du sénéchal royal Eustache de Beaumarchais, sur les terres de la grange nommée Fris.

En 1305, la bastide de Aveas est créée à la suite d'un paréage entre l'abbé de l'Escaladieu et Marguerite de Moncade, dame de Nébouzan, comtesse de Foix, qui confirment un paréage précédemment prévu mais non appliqué suite au décès de Roger-Bernard de Comminges, comte de Foix. Ce paréage concerne les terres déjà occupées d'Aveas, Cartan ou Carsan, et Usac.

En 1313, Bordes est une coseigneurie entre le roi de France et l'abbé de l'Escaladieu. En 1317, l'abbé de l'Escaladieu met en fief 3 bois appartenant à l'abbaye au profit des habitants de Bordes. Il semble que Bordes a fait l'objet d'un paréage avec le comte de Bigorre, qui est alors le roi de France et qui fut sans doute représenté par son sénéchal, avant 1313, peut-être vers 1307 et que le village n'a été qu'une bastide juridictionnelle, dotée de droits de bastide sans avoir connu d'autres transformations.

En 1322, la bastide de Trie-sur-Baïse est créée à la suite d'un paréage entre les associés Roger de Mauléon, abbé de l'Escaladieu, et frère Bernard de Sadournin, syndic du couvent, et avec le juge royal et plusieurs seigneurs locaux qui apportent des terres sous-exploitées. La bastide est construite un peu plus au nord de la grange de Ribarolle, dont les terres sont en jeu, en Astarac, au bord de la rivière Baïse et sur des terres fournies par les seigneurs Géraud d'Esparros et Bernard de Manas. La bastide prend rapidement le nom d'un officier royal chargé de superviser la fondation, le sénéchal Jean de Trie.

En 1328, la bastide de Carsan est créée à la suite d'un paréage entre Roger de Mauléon, abbé de l'Escaladieu, et Guillaume de Carsan, sénéchal de Bigorre, sur des terres situées à 1 km au nord de l'abbaye. Cette bastide connaît un début de développement mais disparaît assez rapidement au cours du XIVème siècle.

En 1328, la bastide de Mont-Saint-Jacques est créée à la suite d'un paréage entre Roger de Mauléon, abbé de l'Escaladieu, et Guillaume de Carsan, sénéchal de Bigorre. Celle-ci est un échec et, en 1332, les rares habitants demandent à être rattachés à la bastide voisine de Saint-Martin, située sur l'actuelle commune d'Ossun.

Les évolutions de l'abbaye sont interrompues par la récession du XIVe siècle et le conflit franco-anglais, aggravés par la situation de l'édifice sur un itinéraire fréquenté.

En 1377, le monastère est présenté comme détruit et ruiné par les guerres et le logement des compagnies.

1400 à 1600
Une fois opéré le relèvement du XVe siècle, ce sont les crises du XVIe siècle qui vont durablement affecter la vie des moines et du monument. Après l'institution de la commende en 1508 et jusqu'en 1567, incendie et violences seigneuriales diverses se succèdent.

En 1567, le capitaine Jean-Guilhem de Linières, présumé réformé et à la tête d'une troupe de malfaiteurs, s'empare de l'Abbaye de l'Escaladieu. Les religieux parviennent à se sauver, mais leurs maisons et leurs biens sont pillés et ruinés. Jean Guilhem, installé et solidement fortifié à l'Escaladieu, guette le Château de Mauvezin, qui pourrait lui offrir un point d'appui plus fort pour ses entreprises à travers la Bigorre. Les seigneurs du pays, comprenant le danger, réunissent leurs efforts, viennent assiéger l'Escaladieu, prennent l'abbaye et font prisonniers Guilhem et plusieurs de ses complices, qui sont ensuite exécutés à Toulouse.

1600 à 1700
Au cours des années 1650, l'Escaladieu commence à panser ses plaies et, en 1667, les travaux sont en voie d'achèvement. L'église doit alors subir d'importantes réparations.

1700 à 1800
Au XVIIIe siècle, la route nationale est ouverte au bord de l'abbaye et de nouveaux aménagements ont lieu dans l'édifice. Une enceinte cantonnée de 4 pavillons est construite, ainsi qu'un clocher octogonal sur le croisillon sud, après 1735. Des baies et des portes sont percées dans l'église et l'aile est, et des décorations intérieures sont réalisées, notamment par l'ajout de grandes plaques de marbre encadrées de boiseries Louis XV. L'entrée du monastère est déplacée sur le côté sud et les façades sont unifiées par un remaniement complet, condamnant les ouvertures médiévales tant à l'extérieur qu'à l'intérieur et recouvrant le tout d'enduits badigeonnés. En effet, dans une idée d’harmonisation esthétique, il a été décidé de doter toutes les façades d’une allure en conformité avec l’esthétique de l’époque moderne afin d’aboutir à une unité architecturale équilibrée et symétrique. Une dizaine de moines vivent alors des pensions que leur sert l'abbé commendataire.

Suite à la Révolution, les biens du Clergé sont nationalisés le 2 novembre 1789 et mis en vente le 19 décembre 1789. La procédure des ventes est mise en place fin juin 1790 et le démarrage général des ventes a lieu rapidement, entre décembre 1790 et février 1791. La vente aux enchères de l'abbaye est ainsi fixée en 1791. Mais l'achat est finalement retardé et les bâtiments et les terres de Bonnemazon de l'abbaye sont vendus en 1793 et achetés par 4 négociants bordelais, Benjamin Arnaud, Elisée Nairac, et les frères Joseph et Etienne-Louis Dubernet, via un intermédiaire, le docteur en médecin de Bagnères, Jean-Julien Dumoret.

En 1794, Elisée Nairac et Joseph Dubernet revendent leur part à Etienne-Louis Dubernet qui semble résider définitivement à l'Escaladieu à partir de 1798. Puis, entre 1799 et 1804, c'est Benjamin Arnaud qui revend sa part à Etienne-Louis Dubernet qui devient ainsi le seul propriétaire.

1800 à 1900
Jusqu'en 1822, Etienne-Louis Dubernet poursuit l'entretien et la gestion de son domaine de l'Escaladieu, en affermant une partie et en faisant exploiter directement le reste. Le bâtiment des convers, ou ce qu'il en reste, est transformé en exploitation agricole. En 1822, Etienne-Louis Dubernet décède et est inhumé dans le cimetière de la commune de Bonnemazon. Selon le testament de ce dernier, la propriété du domaine de l'Escaladieu revient alors à Jean-Louis Nairac, qui appartient à la famille de Elisée Nairac, l'un des acquéreurs du domaine en 1793.

Avant 1830, une partie des bâtiments, hors l'aile des moines et l'abbatiale mais certainement concernant l'aile des convers, sont démolis, et le cloître est démantelé et revendu, ne laissant de celui-ci que quelques colonnes jumelées, en marbre, surmontées de chapiteaux. Ceci fut sans doute réalisé pour alléger les charges fiscales et d'entretien, pour supprimer les constructions inutilisées et pour ouvrir la façade ouest sur l'accès à la route.

En 1887, Jean-Louis Nairac décède à Bagnères. Protestant convaincu et actif, il est proche du pasteur Emilien Frossard, dont le fils Emilien-Sigismond Frossard, ministre de l'église anglicane, avait épousé Emilie-Louise Nairac, la fille de Jean-Louis Nairac, en 1855. Par succession, le domaine de l'Escaladieu revient ainsi à la famille des pasteurs Frossard.

1900 à 2000
Au début du XXe siècle, l'abbaye est toujours en possession de la famille Frossard. Celle-ci occupe les bâtiments conventuels et l'église est convertie en grange à foin.

En 1932, M. Frossard découvre et dégage l'armarium claustri, la bibliothèque du cloître. Dans l'une des 3 niches de l'armoire est trouvé un amoncellement d'ossements humains dont plusieurs crânes, et dans une autre est trouvé un corps entier. Ainsi, à une date inconnue, l'armarium claustri perdit sa vocation de bibliothèque pour acquérir une vocation funéraire.

En 1938, l'Abbaye de l'Escaladieu est classée partiellement aux Monuments Historiques puis, un an plus tard, en 1939, elle est classée entièrement aux Monuments historiques.

Au cours du XXe siècle, des restaurations sont effectuées. Des fouilles sont également réalisées, notamment entre 1963 et 1967 par Colin Platt qui révèlent notamment le plan originel du chœur de l'abbatiale, saillant à fond plat. Après 1965, la toiture et une partie du mur est des vestiges du bâtiment de l'aile des convers s'effondrent. En 1966, l'abbaye subit un incendie et la crue du Luz et de l'Arros en 1973 entraîne l'inondation du domaine.

En 1986, une association achète l'abbaye en vue de sauvegarder le site.

En 1987, de nouvelles fouilles, qui mettent notamment au jour le mur nord de la première travée de l'abbatiale, sont effectuées par Frédéric Vidaillet et Bernard Voinchet et, en 1989, le bâtiment d'accueil est restauré sous la maîtrise d'œuvre de Bernard Voinchet.

En 1992, de nouvelles fouilles sont effectuées par Bernard Jolibert. Elles font apparaître les vestiges de la première travée et de la façade initiale de l'abbatiale, révèlent des vestiges du cloître et permettent de retrouver l'organisation et le plan de ce même cloître.

En 1997, l'abbaye devient la propriété du Département des Hautes-Pyrénées.

2000 à 2022
En 2008, le clos et le couvert des vestiges du bâtiment de l'aile des convers font l'objet d'une restauration sous la maîtrise d'œuvre de Denis Dodeman, architecte en chef des Monuments Historiques. La restauration repose sur le dernier état bien documenté du bâtiment, à savoir tel qu'il était au XIXe siècle, avant sa ruine progressive, et en cohérence avec la restauration précédente du bâtiment d'accueil en 1989.

En 2016, les vestiges du bâtiment de l'aile des convers, transformé en centre d'interprétation de la vie monastique de l'Abbaye de l'Escaladieu, est inauguré par Michel Pélieu, président du Conseil Départemental des Hautes-Pyrénées.


TOPONYMIE

Escaladieu viendrait du latin scala qui signifie échelle et du latin dei qui signifie Dieu. L'escaladieu serait ainsi l'échelle de Dieu.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Météo Abbaye de l'Escaladieu (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Abbaye de l'Escaladieu.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Abbaye de l'Escaladieu, le Turounet, Château de Mauvezin 14 550 537 39,29 T1/T2 Autorisé


SOURCES

L'Escaladieu (Jean-François Le Nail / Dossiers d'Archéologie 234)
L'Escaladieu (Divers / Association Guillaume Mauran)
BM 92 (1933) - L'abbaye cistercienne de Lescaledieu (J-R Marboutin / Persée)
Abbaye cistercienne de l'Escaladieu (Site officiel)
Abbaye de l'Escaladieu (Base Mérimée)

Abbatiale, bâtiments conventuels, jardin

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