Milan royal
- Les infos pas très vraies (mais pas trop fausses)
- Les infos pas fausses (et plutôt vraies)
- Sources
LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)
Le Milan royal se rencontre seulement en Europe, particulièrement dans son palais, entouré de sa basse-cour, dans le nord de l'Italie. Mais il migre régulièrement dans son château en Espagne, après avoir séjourné quelques temps sur le Rocher, à Monaco, ou en France, du côté de Versailles. Depuis peu, on l'aperçoit quelques fois du côté de Buckingham, prenant le thé avec la reine Elizabeth numéro 2, qui, disons-le sans méchanceté, sent moins bon que Chanel numéro 5. Il arrive aussi régulièrement que le Milan royal squatte les anciennes demeures d'artistes tels Corneille, Shakespeare ou encore Molière.
Le Milan royal est facile à identifier. Il a une queue très échancrée, c'est très sexy, arbore deux tâches blanches sous les bras, il sue beaucoup, et porte une couronne sur la tête, c'est peu pratique. Afin de perpétuer la dynastie, la femelle, qui est la reine des omelettes, pond généralement trois œufs. L'ainé sera un dauphin. La nature est étrange. Bien élevés, les petits constitueront la future noblesse, excelleront dans les banquets, et feront la une du magazine Point de Vue, au côté de Stéphane Bern. Le Milan royal est généralement un peu hautain. Mais, depuis 1789, il la ramène un peu moins.
Le Milan royal peut vivre 1000 ans. Il trouve parfois le temps un peu long.
LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)
- Habitat
Le Milan royal est endémique à l’Europe. En période de nidification, il se rencontre dans les zones tempérées et méditerranéennes occidentales, dans une étroite bande reliant la péninsule ibérique à la Biélorussie. L'Ukraine constitue sa limite orientale de répartition et, à l'ouest, une population occupe une partie de l'Angleterre. La quasi-totalité de la population mondiale hiverne en Espagne et, dans une moindre mesure, en France. Ailleurs, l’hivernage est dérisoire. Toutefois, la population britannique et la moitié de la population suédoise sont sédentaires.
En France, la répartition du Milan royal se décompose en cinq foyers principaux que sont l'ensemble du piémont pyrénéen, le Massif Central, la chaîne jurassienne, les plaines et régions collinéennes du nord-est, et la Corse. Il ne dépasse guère les 1.000m d'altitude pour établir son nid, mais il franchit régulièrement cette limite pour chercher sa nourriture.
Le Milan royal vit dans les zones agricoles ouvertes associant l'élevage extensif et la polyculture, majoritairement sur des surfaces de pâturages et de prairies de fauches. Il n'habite pas les paysages très boisés, dont les massifs forestiers sont trop proches les uns des autres, et la proximité des zones humides seules ne suffisent pas à l'établissement des couples nicheurs. Les oiseaux hivernants se trouvent pour la plupart autour des décharges où ils se nourrissent des déchets organiques tout au long de l'hiver.
Le nid des couples de Milans royaux est habituellement construit dans la fourche principale ou secondaire d'un grand arbre et doit être facile d'accès. Aussi, la majorité des nids se situent à moins de 100m de la lisière et sont souvent situés à flanc de coteau. Le Milan royal niche également dans les haies comportant de gros arbres et, dans certains cas, sur des arbres isolés. Localement, dans certaines îles méditerranéennes, comme aux Baléares, les oiseaux nichent dans les rochers ou falaises. Le Milan royal peut s'habituer à une certaine fréquentation humaine à proximité du nid et il lui arrive de nicher près des habitations, chemins ou routes.
Hors période de reproduction et de migration, les Milans royaux se regroupent et vivent dans des dortoirs qui sont le plus fréquemment situés dans de petits boisements, bosquets ou alignements d’arbres. Ils sont aussi très souvent situés à proximité de fermes ou de petits hameaux isolés, cette proximité avec des sites habités leur assurant probablement une sécurité appréciable.
- Morphologie
A l'âge adulte, le Milan royal a une envergure de 1m75 à 1m95, mesure de 59 à 66cm et pèse entre 800g et 1,3kg. Il existe un léger dimorphisme de taille chez les adultes, les femelles étant plus grosses que les mâles et les ailes du mâle étant légèrement plus courtes que celles de la femelle. Le Milan royal possède une tête grise à blanchâtre, finement striée de noir, tranchant nettement avec le reste du corps dont le plumage est brun-rouge sur le dessus et roux strié de brun-noir sur le dessous. Le bec est jaune et noir et l'iris jaune. La queue est typique de l'espèce, aussi bien par sa couleur que par sa forme. Elle est rousse, longue et triangulaire, et profondément échancrée. Les ailes, longues et relativement fines, sont plutôt sombres sur le dessus, et avec deux grandes taches blanches sur le dessous, au niveau des poignets. Ces deux taches sont caractéristiques de l'espèce. Le Milan royal effectue une mue des plumes au cours de chaque année, débutant en avril et s'achevant en septembre.
Les jeunes de l'année sont beaucoup plus pâles que l'adulte. Ils possèdent un iris brun-jaunâtre, une tête marron-blanc, un poitrail roux mêlé de blanc, et le dessus de l'aile marqué par une fine ligne blanche. Le jeune Milan royal acquiert le plumage de l'adulte au cours du premier hiver, sauf la frange blanche du dessus de l'aile qui reste visible jusqu'à la mue des plumes de vol qui intervient à partir du premier printemps.
Le Milan royal est un rapace opportuniste, au régime alimentaire très varié, charognard avant tout, mais se nourrissant également de proies vivantes variées, incluant des mammifères, des micromammifères, des poissons, des oiseaux, des invertébrés, etc. Il recherche ses proies en cerclant assez haut dans le ciel ou en pratiquant le vol à faible hauteur. Par temps humide, le Milan royal peut aussi passer des heures entières, posé dans les prairies et pâturages à la recherche de lombrics. Les oiseaux hivernant se nourrissent généralement dans les décharges, ingurgitant les déchets organiques tout au long de l'hiver.
- Migration
Le Milan royal est un migrateur partiel. Les populations les plus méridionales sont majoritairement sédentaires. Les populations les plus nordiques et les plus continentales traversent l'Europe, du nord-est au sud-ouest, pour aller hiverner en Espagne, en France et plus rarement en Afrique du Nord. Le Milan royal migre plutôt en solitaire ou en petit groupe. Étant un planeur, les heures chaudes de fin de matinée et début d'après-midi sont prépondérantes pour sa migration.
- Cycle de vie
La migration des Milans royaux non sédentaires pour rejoindre leurs quartiers d'été, ou migration prénuptiale, s'étend de janvier à mai, le plus gros du passage s'effectuant en février-mars. Les couples nicheurs les plus précoces sont généralement de retour sur leur site de nidification en février-mars. Dès leur arrivée, entre quelques manifestations territoriales, les couples s’affairent à la construction du nid. Ceux qui ne reprennent pas le nid de l'année précédente, en construisent un nouveau en utilisant la base d'un vieux nid de corneille noire ou de buse variable. Le nid est constitué de branches et brindilles, souvent garni de papiers, plastiques et chiffons. Peu de temps avant la ponte, de la laine de mouton est déposée dans le nid, formant une petite cuvette destinée à recevoir les œufs.
Entre mi mars et fin avril, survient la ponte. La femelle pond ainsi deux à trois œufs, rarement un ou quatre. Les pontes de trois œufs dominent légèrement. Les œufs ovales sont blancs, très rarement bleuâtres, parsemés de petites et grosses tâches rouges à marron sombre. La femelle incube dès la ponte du premier œuf et en assure la quasi-totalité, le mâle ne la relayant que sur de très courtes périodes. Celui-ci s'occupe de nourrir la femelle durant toute la phase d'incubation qui dure 31 à 32 jours par œuf, soit 38 jours pour une ponte de 3 œufs.
De fin avril à fin juillet, suite à l'éclosion des œufs, vient la phase de nourrissage et d'élevage des jeunes. Le nourrissage au nid dure de 48 à 50 jours, parfois 60 à 70 jours. Durant les 15 premiers jours qui suivent l'éclosion des œufs, le mâle s'occupe principalement de nourrir la femelle, période pendant laquelle celle-ci nourrit et veille sur les poussins. Par la suite, mâle et femelle protègent la nichée et chassent pour les jeunes qui restent au moins 40 jours au nid, parfois jusqu'à 60 jours, la durée variant en fonction de la taille de la nichée et de la disponibilité alimentaire. A cet âge, les jeunes quittent le nid pour voleter de branches en branches car ils ne volent réellement qu'à l'âge de 48-50 jours. Par la suite, la famille reste unie et continue d’exploiter le territoire de reproduction jusqu’à ce que les jeunes deviennent indépendants, généralement au bout de 3 à 4 semaines.
Dès le début du mois d'août, et se prolongeant jusqu'à novembre, les Milans royaux non sédentaires effectuent leur migration, la migration postnuptiale, afin de rejoindre leurs quartiers hivernaux. Le pic du passage se situe au mois d'octobre.
De août-novembre à janvier-mai, en dehors de la saison de reproduction et de la migration, les Milans royaux effectuent leur hivernage. Les oiseaux se regroupent alors et forment des dortoirs pouvant rassembler plusieurs dizaines voire centaines d’individus. L’emplacement d’un dortoir peut varier d’une année à l’autre et même d’un jour à l’autre.
Le Milan royal se reproduit généralement pour la première fois à l’âge de trois ans, exceptionnellement à l’âge d’un an. Il a déjà été noté des oiseaux immatures aidant un couple formé à construire un nid. La longévité maximale observée est d’environ 26 ans.
Le nom milan apparaît en français vers 1500 et dérive d'un terme provençal, lui-même issu du latin médiéval milvanus, forme tardive supposée du latin classique milvus. En français, le nom complet Milan royal semble attesté pour la première fois en 1555. Deux hypothèses sont suggérées pour le terme royal. Une première hypothèse serait que, en ancien français, les termes royal et réel se confondaient. Dans ce cas, il n'y aurait aucun lien entre le Milan royal et les têtes couronnées, et il s'agirait simplement de différencier le milan réel, c'est-à-dire normal ou commun, du milan noir. Une autre hypothèse serait que le terme royal véhicule non pas le sens de réel, mais bien le sens de la royauté. Dans ce cas, l'appellation viendrait du fait que le milan royal était autrefois une espèce chassée par les fauconniers royaux.
- Histoire et effectifs
Au Moyen Âge, le Milan royal, connu sous le nom de Escoufle, avait très mauvaise presse, à tel point que cet ancien nom désignait des personnes insignifiantes. Son image culturelle négative était due à ses mœurs de charognard, à sa rapacité, et à l'impossibilité de le dresser pour la chasse au vol. Peut-être dès cette époque, et bien attesté ensuite, le Milan royal était chassé par les seigneurs, notamment les rois, dans une forme de chasse au vol qui se pratiquait avec les Faucons sacres ou les Faucons gerfauts. Ces derniers étaient lancés souvent en équipe de deux à quatre oiseaux à la poursuite du Milan royal. Au besoin, le rapace était attiré vers les chasseurs par un Grand-duc affublé d'une queue de renard, lâché à proximité des fauconniers, et que le milan venait survoler. On laissait alors s'envoler les faucons qui le prenaient en chasse.
Ces chasses royales pratiquées par les rois de France durèrent jusqu'à l'Ancien Régime. Louis XIII chassait ainsi le Milan royal dans la plaine Saint-Denis et il faisait relâcher ses prises par la fenêtre depuis le Louvre après les avoir marqués en coupant les deux pennes centrales de la queue. Moins passionné pour la chasse au vol que son prédécesseur, Louis XIV réduisit la Fauconnerie royale, et fit démanteler la milanière de Noisy, qui était apparemment un lieu où l'on entretenait des Milans, peut-être en favorisant leur nidification.
Le Milan royal était apparemment abondant dans presque toute son aire de distribution au 16e et 17e siècle mais il connut une régression de ses effectifs à partir du milieu du 19e siècle. Cette régression fut freinée en France puis la tendance fut même inversée à partir du début des années 1970, en grande partie grâce notamment aux mesures de la loi de protection légale de tous les rapaces, instaurée en 1972. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Milan royal acquit différents status de protection, en France, mais aussi au niveau européen puis mondial.
Ainsi, depuis le début des années 1970, et jusqu'à la fin des années 1980, l'aire de répartition du rapace s'accrut considérablement. Mais le début des années 1990 marqua l'amorce d’une diminution de la population, diminution qui dura jusqu'au début des années 2000. Les causes de son déclin furent multiples. La progression des surfaces cultivées, les modes de cultures plus intensifs associés aux traitements phytosanitaires contribuèrent à dégrader l'habitat du Milan royal et à réduire les populations de proies. A cela s’ajoutaient les empoisonnements accidentels lors de régulations des populations de campagnols, les empoisonnements volontaires faits en toute illégalité, la fermeture des décharges, le tir, les lignes électriques, les collisions avec les véhicules et les éoliennes.
A partir des années 2000, la tendance s'inversa à nouveau. En 2000, 5000 Milans royaux étaient recensés en migration au-dessus des Pyrénées. A l'automne 2017, ce fut 19000 Milans royaux qui étaient comptés. Malgré ce nombre croissant, ce rapace reste aujourd'hui une espèce à protéger et les raisons de sa mortalité évoquées pour les années 1990 sont toujours d'actualité.
Actuellement, cinq pays abritent près de 90% de la population nicheuse mondiale du Milan royal avec, dans l'ordre décroissant d'importance, l'Allemagne, la France, l’Espagne, la Suède et la Suisse. Pour obtenir la quasi-totalité de cette population mondiale, estimée entre 26500 et 30700 couples, il faut ajouter le Royaume-Uni, la Pologne, et l'Italie. La sous-espèce Milvus milvus fasciicauda cantonnée aux îles du Cap Vert est considérée éteinte.
Actuellement, la France, qui héberge 16% de la population mondiale, voit les effectifs de Milans royaux se répartirent avec 15% dans les Pyrénées, 40% dans le Massif central, 20% dans le Jura, 15% dans les zones collinéennes du nord-est de la France (Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine et Bourgogne) et 10% en Corse.
SOURCES
Guide des rapaces de France (Jean Sériot / Editions Sud Ouest)Milan royal (site LPO Rapaces)
Milan royal (site de l'observatoire des rapaces de la LPO)
Milan royal (site Oiseaux.net)
Le milan, un bien royal vaurien (Bulletin Aves 44/2)
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