Bouquetin ibérique
LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)
Présent des deux côtés des Pyrénées, le bouquetin ibérique vit principalement dans les zones rocheuses et escarpées. Après de très longues observations qui lui ont pris toute une vie, ça tombe bien, il n'en avait pas deux, le naturaliste Gérard Biquette, moins riche que Triquette, mais ce n'est pas le sujet, en vint à la conclusion que le bouquetin ibérique n'avait pas le vertige. Ce fut une avancée fabuleuse dans la connaissance de cet animal.Le bouquetin ibérique préfère le sud et n'aime pas beaucoup la neige qu'il a tendance à éviter. Pour preuve, on a jamais vu un bouquetin en ski. Ou en raquettes. Sauf quand il joue au tennis. Mais c'est assez rare. Par contre, il aime faire la bronzette, s'endormant régulièrement sur le dos, ce qui se repère à ses poils cramoisis sur le ventre, la poitrine et le devant des pattes. Toujours selon Gérard Biquette, il semble que l'animal ne connaisse pas la crème solaire.
Lorsque vient la période des amours, les mâles se rencontrent en tête à tête. Pour savoir qui aura le droit de faire la cour aux demoiselles, ils jouent à la courte-corne puis au jeu de la barbichette. C'est viril. Le gagnant fait alors le beau mais personne n'ose lui dire qu'il pue le bouc. Les dames, après l'avoir aspergé d'Ô de Lancôme, elles sont limitées en alphabet, finissent par accepter ses avances.
Le bouquetin ibérique parle espagnol. Alors que le bouquetin des Alpes ne parle pas. C'est un crétin.
Lorsqu'un bipède ignare se prend pour un montagnard crapahutant comme un cabri, on dit que c'est un bouquetin boiteux. C'est risible. Selon certaines sources gérardesques, un spécimen particulièrement ridicule écrirait des textes idiots sur son site internet. On ne saurait que trop vous conseiller d'éviter ses élucubrations absurdes.
Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique
Photo Katy Moulineau © - Page Facebook Kat'images |
LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)
- HabitatPrésent des deux côtés des Pyrénées, le Bouquetin ibérique vit principalement dans les zones rocheuses, escarpées, aux falaises et vires nombreuses. Il s'adapte très bien à des altitudes et des climats différents.
Préférant les milieux ouverts et fréquentant peu la forêt, le Bouquetin ibérique a besoin de vastes étendues même si les femelles se contentent d'un espace plus réduit que celui des mâles. Ce besoin d'espace varie fortement en fonction des ressources alimentaires et des saisons. En été, les bouquetins vivent en altitude, à la recherche de fraîcheur et de végétation riche et tendre, près des crêtes. L'hiver et la neige les repoussent vers le bas des versant, dans des pentes raides, plutôt orientées au sud et se déneigeant rapidement. Cela leur permet de passer l'hiver à l'abri du mauvais temps et des avalanches, notamment pour les plus jeunes.
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- Morphologie
Le Bouquetin ibérique est un animal trapu, possédant des pattes robustes munies de sabots incroyablement adhérents à la roche. Il est doté d'une ouïe très fine, d'une excellente vision et d'un odorat performant.
Il existe un important dimorphisme sexuel chez le Bouquetin ibérique. Ainsi, à l'âge adulte, le mâle, appelé bouc, mesure environ 90cm au garrot pour une longueur de 1m40 et un poids de 60 à 90kg alors que la femelle, appelée étagne, fait 70cm au garrot pour une longueur de de 1m35 et un poids de 30 à 45kg. De même, les cornes, très caractéristiques, sont de taille modeste, entre 15 et 20cm chez la femelle, mais peuvent atteindre de 65 à 90cm chez le mâle. De forme très variable, elles sont le plus souvent torsadées en lyre, ce qui distingue le Bouquetin ibérique du Bouquetin des Alpes, ce dernier étant également plus grand en taille.
D'importantes réserves de graisses, accumulées à l'automne et situées autour du cou, du dos et du ventre, permettent aux animaux de résister aux hivers rigoureux. Ces réserves, qui peuvent atteindre 30kg chez le mâle adulte, pallient alors au manque de nourriture.
Le Bouquetin ibérique possède un pelage variable en épaisseur et en couleur selon les saisons, devenant plus clair et plus court en été. Chez le mâle, qui possède une barbiche courte et drue sur le menton, ce pelage passe du brun roux au gris clair sur le haut des flancs, gris sombre allant jusqu'au noir profond sur l'échine, le bas des flancs, la face antérieure des pattes, le poitrail et le front. L'étendue des zones sombres, qui augmente avec l'âge jusqu'au noir très profond chez les mâles très âgés, constitue un critère de détermination de l'âge. Chez la femelle, le pelage est uniforme, gris-fauve, ce qui lui permet de se fondre dans les paysages où elle aime évoluer, et qui est ainsi un élément protecteur pour elle et son petit, appelé cabri, contre les prédateurs. Pour résister à la saison froide, les bouquetins possèdent un pelage hivernal, constitué de quatre couches formant une enveloppe isolante. L'épaisseur du poil peut atteindre 10cm et la couleur sombre de ce manteau permet à l'animal de se réchauffer rapidement au soleil.
Le Bouquetin ibérique se nourrit de végétaux, consommant de préférence des graminées à la belle saison, des ligneux en automne et en hiver, voire des lichens et des mousses lorsque les conditions deviennent trop rudes. Son régime alimentaire est plus éclectique et diversifié que celui de l'Isard. Vivant dans les rochers, il n'occasionne de dégâts ni aux forêts ni aux pâtures.
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- Cycle de vie
Au cours des mois de mai et juin, les femelles s'isolent dans un endroit inaccessible aux prédateurs et donnent naissance à un jeune cabri. Dans certaines populations, la naissance de jumeaux est assez courante. Le nouveau-né, qui est allaité pendant 2 à 3 mois, est rapidement très agile et capable de suivre sa mère dans les barres rocheuses.
En juillet, plusieurs femelles, accompagnées de leur cabri ainsi que du jeune né de l'année précédente, se regroupent pour former une cellule sociale, appelée chevrée, composée de 10 à 20 individus. Les jeunes mâles de 2 ans, écartés de la chevrée, se regroupent et quelques mâles plus vieux les rejoignent parfois. Les bouquetins retrouvent leurs quartiers estivaux, en altitude, où ils passeront les prochains mois.
A partir d'octobre, les bouquetins commencent à préparer l'hiver et accumulent des réserves de graisse. Ils regagnent petit à petit leurs quartiers d'hivernage.
De novembre à janvier, les mâles rejoignent les chevrées pour la période de rut, ce qui les conduit souvent à effectuer de grands déplacements. Ils s'affrontent alors, tête contre tête, se donnant de forts coups de cornes, en de spectaculaires combats sonores, parfois violents mais rarement dangereux. Le gagnant, qui aura le privilège de s'accoupler avec les femelles, commence ensuite la parade. Poils hérissés sur le dos, lèvre supérieure relevée, il s'adresse aux femelles pour les inciter à s'accoupler. Les glandes du prépuce et subcaudales sécrètent chez le mâle en rut une substance jaunâtre à l'odeur de bouc faisant office de message odorant.
Cette période de rut terminée, les bouquetins limitent fortement leurs déplacements en hiver, afin d'éviter toute dépense d'énergie inutile et à cause de l'enneigement important. Puis, après 164 jours de gestation, les femelles donnent naissance à de jeunes bouquetins qui auront une espérance de vie de 15 à 20 ans. Une nouvelle année commence alors.
Bouquetin de la grotte de Niaux |
Les plus anciens restes de bouquetins remontent à 80.000 ans environ. Aux côtés du bison et du cheval sauvage, l'histoire du bouquetin dans les Pyrénées est étroitement lié à l'art rupestre. Ses représentations sont nombreuses dans les cavités pyrénéennes occupées par l'homme préhistorique. L'une des plus célèbres reste la silhouette stylisée de la grotte de Niaux en Ariège.
C'est au Moyen Âge, au XIVe siècle, dans le "Grand livre de la chasse" de Gaston Phébus, comte de Foix, qu'apparaissent les plus anciennes données écrites évoquant le bouquetin dans les Pyrénées. Ce chasseur naturaliste signale une relative abondance de l'espèce sur le versant nord des montagnes. Son témoignage précieux est radicalement différent des écrits des XVIIIe et XIXe siècles qui soulignent le déclin déjà très avancé de l'espèce à cette époque.
La cause principale de ce déclin est une grande vulnérabilité à la chasse. Le bouquetin possède une stratégie de défense bien particulière qui consiste à se percher dans les falaises. Très efficace contre les prédateurs naturels, cette stratégie fût inefficace face aux armes de jet utilisées par l'homme dès le Moyen Âge. L'usage généralisé des armes à feu entraîna progressivement l'extinction des bouquetins dans toute l'Europe. Sans la création de la Réserve royale du Grand Paradis en Italie en 1856 et de celle du "Coto real" de Gredos en Espagne en 1905, les bouquetins auraient probablement disparu d'Europe au début du XXe siècle.
Du côté des Pyrénées, en 1910, deux grands mâles aux cornes immenses sont abattus près du Lac de Gaube près de Cauterets. Il s'agissait des derniers représentants de l'espèce observés sur le versant français.
Les discontinuités d'habitats favorables qui jalonnent la chaîne des Pyrénées des plus proches régions naturellement habitées par l'espèce dans le nord de l'Espagne rendent le retour du bouquetin sur le versant français par colonisation naturelle difficile.
Dès 1970, le Parc national des Pyrénées envisage une réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées. En 1986, le Centre National d’Étude et de Recherche Appliquée de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage estime possible une réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées orientales. Au début des années 1990, cela fait donc une vingtaine d'années que le Parc national des Pyrénées s'implique dans les actions de réintroduction de cette espèce dans le versant français. Cela donne lieu en 1991 à la publication d'un premier rapport de faisabilité intitulé "Projet de réintroduction du Bouquetin ibérique au versant nord des Pyrénées occidentales". La même année, l'ONCFS, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, commence à initier des actions pour une réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées orientales. Le Parc national des Pyrénées a notamment participé au programme LIFE "restauration de la grande faune pyrénéenne" mis en œuvre entre 1993 et 1996, en collaboration avec l'Espagne, dans lequel figurait le bouquetin. Puis, le projet de réintroduction de l'espèce a été défini comme une des actions prioritaires de la charte du Parc national.
Le 6 janvier 2000, à Ordesa en Aragon, une vieille femelle bouquetin meurt écrasée par la chute d'un arbre au cours d'une nuit de tempête. C'était la dernière représentante du Bouquetin des Pyrénées, sous-espèce du Bouquetin ibérique, qui disparaît. Durant l'année, l'UICN, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, déclare éteinte la sous-espèce Capra pyrenaica pyrenaica.
A l'échelle du massif, la réintroduction du bouquetin apparaît alors comme une orientation importante du projet de Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité développée par le Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Un volet spécifique est consacré à cette espèce dans le cadre d'une reconstitution de la biodiversité pyrénéenne. Au niveau national, ce projet s'inscrit dans la Stratégie de restauration des bouquetins en France (2000-2015). La réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées y apparaît comme une des actions prioritaires. La zone cœur du Parc national est considérée comme une des plus favorables au vue de ses potentialités écologiques et de son statut de protection. En Ariège, l’obstination de Michel Sébastien (Observatoire de l’Environnement Ariège-Pyrénées) est à l’origine d’une forte volonté locale de voir revenir l’espèce dans le département. La Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques publie en 2002 un rapport pour une réintroduction dans les massifs montagneux du département. La Fédération de chasse de l’Ariège engage de nombreuses démarches en 2009 auprès des partenaires espagnols en faveur de la réintroduction de bouquetins. Enfin, le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises s’engage par sa charte à « Réussir la réintroduction du bouquetin ».
Jusqu’en 2012, l’obstacle majeur à la réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées est la difficulté d’obtention des animaux. Les autorités espagnoles craignent une banalisation de la chasse au bouquetin alors qu’elle représente un apport économique important pour certaines collectivités espagnoles, un beau "trophée" pouvant dépasser la valeur de 20 000 € en Espagne. Le 15 septembre 2012, le Bouquetin ibérique, Capra pyrenaica, est classé espèce protégée sur le territoire français par l’État français.
En avril 2014, la mise en œuvre du projet commun de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité est marquée par un désir de collaboration. Un traité intergouvernemental validant le retour du bouquetin dans les Pyrénées est signé entre les ministères français, espagnol et andorran. Ceci se concrétise durant l’été de cette même année, lorsque 38 Bouquetins ibériques sont relâchés dans le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises et dans le Parc national des Pyrénées, et lorsque, au printemps 2015, on assiste aux premières naissances de cabris sur le territoire français après une absence de plus de 100 ans.
Fin 2019, la population pyrénéenne était composée de plus de 350 individus dont plus de 200 individus dans le Parc national des Pyrénées et environ 150 individus dans le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises.
Photo Katy Moulineau © - Page Facebook Kat'images |
SOURCES
Bouquetin ibérique (site du Parc National des Pyrénées)Le retour du Bouquetin dans les Pyrénées (Site internet)
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