Lis martagon

Lilium martagon

Photo Bouquetin Bigleux ©

LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

Avec ses fleurs roses et ses petites tâches de rousseur, le Lis martagon est beau. Certes. Mais le Lis martagon est arrogant. Il ne pousse que chez les riches. En juin ou juillet, perché jusqu'à 2800m sur sa tige de 1m50, il regarde tout le monde de haut. D'ailleurs, ou d'ici, on ne sait pas trop, il est de notoriété privée que le presque célèbre Gérard Bartaba, botaniste qui a le nez long comme Cléopâtre, c'est un détail peu intéressant ici, aime abuser de l'expression "fier comme martagon". Tout le monde s'en fout.

Le Lis martagon, donc, ne se sent plus pisser. Pour une fleur ce n'est pas très gênant. Ça l'est bien plus pour ma grand-mère. Ou mon grand-père. De toutes façons, il ne faut pas pousser mémé dans les orties. Ni dans les martagons. Cela n'a aucun sens. Sauf à vouloir l'héritage. Mais on s'égare.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique

Photo Bouquetin Bigleux ©

LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Famille et noms
Famille des Liliacées.

Autres noms : Lis de Catherine (Français), Marcòlic vermeil (Catalan), Martagón (Espagnol), Zitori gorria (Basque), Liri pudent (Occitan).

- Type biologique
Plante géophyte (plante vivace complètement invisible en hiver, les organes gorgés de réserves qui persistent au cours de la mauvaise saison sont entièrement souterrains) à bulbe (tige souterraine très courte recouverte de feuilles modifiées ou de bases foliaires).

- Tige et taille
Plante vivace de taille moyenne à grande, 40 à 150cm. Tige ronde, faiblement et brièvement pubescente (poils fins et courts).

- Fleurs
Floraison de juin à août.

Grandes fleurs, en grappes lâches, rose terne à pourpre, avec tâches foncées à l'intérieur. 5 à 10 fleurs à l'extrémité des tiges. 6 tépales (pétales et sépales lorsqu'ils sont indifférenciables) charnus, recourbés vers le haut. Six étamines (organes mâles de la fleur) à anthère (partie terminale d'une étamine, où se forment les grains de pollen) rouille orangé, pendantes et dépassant largement de la corolle.

- Feuilles
Feuilles en verticilles (groupe de plus de deux feuilles qui naissent au même niveau de la tige, en anneau), espacés, de 4 à 10 feuilles, dans la partie inférieure ou moyenne de la tige. Quelques feuilles alternes, espacées, dans le haut de la tige. Feuilles larges, lancéolées (en forme de fer de lance), vert foncé.

- Fruits
Capsules à trois loges, ovales à allongées.

- Bulbe
Bulbe (organe souterrain gorgé de réserves nutritives) écailleux.

- Humidité et pH du sol
Plante mésophile (plante indicatrice de sécheresse modérée) à mésohygrophile (plante des sols modérément humides), sur calcaire et sur silice (plante indifférente à la nature du substrat, que son pH soit basique ou acide).

- Répartition globale
Espèce présente en Europe et en Asie.

- Répartition pyrénéenne
Dans les Pyrénées, plante caractéristique des forêts de feuillus, hêtraies notamment, bois de Chênes pubescents, peuplement de buis, et présente dans les mégaphorbiaies (végétation luxuriante, dense et haute, aux espèces très diverses), depuis l'étage collinéen (jusqu'à 800m, versant nord, jusqu'à 1000m, versant sud) jusqu'à l'étage subalpin (1700m à 2300m, versant nord, 1900m à 2500m, versant sud). Espèce présente sur l'ensemble de la chaîne, peu commune sur l'ensemble du versant nord.

- Divers
Le lis martagon était autrefois recherché pour ses bulbes qui étaient utilisés pour leur éventuel effet thérapeutique. Il est toutefois préférable de laisser les bulbes en terre pour que puisse fleurir cette magnifique plante.

Les Itelmènes, un peuple de l'est de la Sibérie, consommaient les bulbes du lis martagon. Pour s'en procurer, ils prenaient une partie des provisions de petits rongeurs locaux qui en font des réserves dans leurs galeries souterraines. Ils n'en prélevaient que deux tiers et, en échange, laissaient des graines comestibles.