LE TAUREAU DE SAINTE-ENGRÂCE
Dessin Godkhine |
LA LEGENDE PRESQUE VRAIE
Il y a bien longtemps, vivaient au fin fond de la Haute Soule, une communauté de cocus qui portaient bien les cornes. Des belles, des grandes. A faire pleurer les bouquetins. A faire rire les voisins. Rejetés de tous, ils avaient trouvé refuge dans ce havre de paix, loin des moqueries.Il y a bien longtemps, Jean vint vivre au fin fond de la Haute Soule, dans une bicoque. Ce qui est moins bien qu'une tricoque, soyons lucides. Mais il faut bien dire que Jean ne roulait pas sur l'or. Ni sur Laure. Ce qu'elle appréciait grandement. Par contre, Jean roulait bien sur son ventre, qu'il avait gros et bien rond, à force de s'empiffrer de chocolats, venus de la cité voisine d'Oloron, qui était alors sous la férule du roi Gérard Lindt.
Un jour, après une énième orgie de bonbons 100% cacao, Jean lâcha un énorme rot. Puissant. Violent. Interminable. De sa gorge s'échappa un vent de tempête qui traversa le vallon, décornant les bœufs, qui eurent l'air bêtes, et décornant les cocus, qui eurent l'air chouettes. Jean en fut surpris, les bras lui en tombèrent. Ce qu'il trouva un poil embêtant. Pas de bras, pas de chocolats. Criants au miracle, les cocus allèrent voir le cureton d'Oloron. Le vénérable homme valida l'affaire. Une église fut construite sur le lieu du prodige et Jean fut sanctifié. Ce qui lui fit une belle jambe. Et avec ses deux bras en moins, il était rigolo.
Ainsi est née la légende du gros rot de la sainte graisse.
Extrait des Chroniques de Jean le Charlatan
LA VRAIE LEGENDE
Autrefois, dans l'église de Saragosse, était conservé le reliquaire du bras de Sainte Engrâce. Attirés par les bagues, les pierreries et l'or qui resplendissaient sur l'écrin sacré, des voleurs s'en emparèrent et prirent la fuite vers la France. Mais, poursuivis par la vengeance céleste, ils se perdirent dans la montagne et durent y abandonner leur précieux butin.Longtemps après, des bergers, qui gardaient leur troupeau dans le vallon de l'Uhaïtza, remarquèrent qu'un taureau s'agenouillait chaque jour devant le tronc d'un vénérable châtaignier. Et ainsi, chaque jour, les cornes de la bête s'illuminaient comme deux cierges allumés. Les bergers découvrirent alors la relique dérobée dans une crevasse du tronc. L'évêque d'Oloron fit part du prodige aux rois de Navarre, d'Aragon et de France, dont les frontières se rejoignaient dans les parages et, selon la tradition, c'est par une décision commune des trois rois que l'église fut fondée à cet endroit.
-> voir les infos sur l'Église Sainte-Engrâce.
SOURCES
Guide des Pyrénées mystérieuses (Bernard Duhourcau / Editions Sand, Editions Tchou)1000 lieux légendaires et mystérieux des Pyrénées, vol.2 (Francis Baro / Rando Editions)
TOPOS
Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'église de Sainte-Engrâce.Gorges d'Ehujarre, Pic Lakhoura
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